« Le risque d’invasion russe dans les pays baltes est réel »

Sir Richard Shirreff est un général en retraite de l’armée britannique qui a occupé le poste de vice-commandant suprême de l’OTAN en Europe entre 2011 et 2014. Depuis qu’il s’est retiré de la vie active, il travaille encore comme consultant et a écrit un livre, sorti en 2016 et intitulé 2017: War with Russia: An Urgent Warning from Senior Military Command. Un ouvrage partiellement fictionnel qui suggère que la Russie pourrait facilement envahir les trois États baltes, qu’une guerre entre la Russie et l’OTAN serait possible, et qui implique fortement que Shirreff trouve le haut commandement militaire et les gouvernements incompétents pour créer une réponse appropriée.

« L’intention de Poutine est claire depuis le début »

Un scénario que l’ancien général trouve de plus en plus crédible dans le contexte actuel de conflit entre Russie et Ukraine, comme il l’a confié durant une interview exclusive auprès de la chaine de télévision suédoise SVT dimanche dernier.

« C’est palpable. L’intention de Poutine est claire depuis le début », considère Richard Shirreff. « Après tout, il a déclaré que le règlement de sécurité le plus approprié pour l’Europe était un nouveau Yalta, ce que j’interprète comme signifiant qu’il veut rétablir la domination russe dans les anciennes républiques de l’Union soviétique. Et comme nous le savons, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont d’anciennes républiques de l’Union soviétique. »

Les minorités russes, prétexte tout trouvé

L’ancien haut gradé de l’OTAN estime d’ailleurs que Vladimir Poutine possède un cheval de Troie qui, même s’il ne le soutient pas forcément, lui offre un prétexte tout désigné pour intervenir : les minorités russes présentes en nombre dans les trois républiques baltes. En Estonie, les Russes représentent 24% de la population, et ils sont 25,4% en Lettonie. En Lituanie, ils représentent environ 5% de la population. Or le président russe Vladimir Poutine s’est maintes fois présenté comme un protecteur de toutes les minorités russes restées dans d’autres pays depuis la chute de l’Union soviétique. Une rhétorique qui pourrait devenir celle de la réunion de tous les Russes ethniques sous la même bannière, selon l’ancien militaire.

Shirreff n’exclut donc pas une invasion russe de la Pologne ou d’autres pays d’Europe de l’Est, selon Euractiv. Une crainte d’ailleurs de plus en plus vivace dans ces pays du flanc oriental de l’OTAN. « Si vous regardez cela dans une perspective plus large, tous les pays d’Europe de l’Est qui faisaient autrefois partie du Pacte de Varsovie et qui font maintenant partie de l’OTAN sont menacés. Par conséquent, l’OTAN doit être prête à décourager toute forme d’attaque contre l’un de ses pays membres » conclut l’ancien général britannique.

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