Le point commun des études désavouées du Lancet et du NEJM? La société Surgisphere

Après deux semaines de polémiques, la revue médicale ‘The Lancet’ a annoncé jeudi le retrait d’une étude controversée sur l’hydroxychloroquine. Le New England Journal of Medicine (NEJM) a fait de même concernant un article traitant du Covid-19. À la base des deux publications désavouées, une société privée: Surgisphere.

L’étude publiée le 22 mai par The Lancet suggérait qu’un traitement à base d’hydroxychloroquine, associée ou non à un antibiotique comme l’azithromycine, augmentait le risque d’arythmies cardiaques et de décès chez les patients atteints du Covid-19. Pour parvenir à de telles conclusions, l’auteur principal de l’étude, Mandeep Mehra, de la Harvard Medical School, avait analysé les données de 96.000 patients, dans 671 hôpitaux, sur 6 continents… Des données fournies par une société privée peu connue, Surgisphere, pointe le journal français Le Monde, ce vendredi.

La publication de cette étude alarmante avait entraîné la suspension par l’OMS des essais impliquant l’hydroxychloroquine dans le cadre de son étude clinique baptisée Solidarity. En France, elle avait mené à l’abrogation de la dérogation qui permettait l’utilisation de la molécule contre le nouveau coronavirus.

Pression

Mais au fil des jours et des critiques – notamment du désormais célèbre professeur Didier Raoult, fervent promoteur de l’usage de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19 – la pression était devenue forte sur The Lancet.

Le vent à définitivement tourné jeudi, lorsque trois des quatre auteurs de l’étude controversée, dont Mandeep Mehra, ont retiré leur signature et demandé son retrait, car ils ‘n’ont pas été en mesure d’effectuer un audit indépendant des données qui sous-tendent leur analyse’, écrit The Lancet. Le quatrième auteur est Sapan Desai, chirurgien et fondateur de… Surgisphere.

Encore Surgisphere…

Le 1er mai, une autre revue prestigieuse, le New England Journal of Medicine, avait également publié un article ayant trait au Covid-19, et retiré depuis. Celui-ci affirmait que la prise d’antihypertenseurs n’avait pas d’influence sur la gravité de la maladie. Son auteur principal? Mandeep Mehra. Son fournisseur de données? Surgisphere…

Dans ce second cas, tous les auteurs ont demandé le retrait de la publication, y compris Sapan Desai. Et là encore, l’origine des données a été invoquée.

Prestigieuse?

Entre-temps, l’OMS a annoncé la reprise de son essai Solidarity et les tests cliniques devraient également reprendre en France.

Comment une petite société méconnue comme Surgisphere, en fournissant des données douteuses, a-t-elle pu se frayer un chemin jusque dans les colonnes de revues aussi prestigieuses et être associée à des chercheurs de renom?

The Lancet comme le New England Journal of Medicine ont intérêt à rapidement trouver une réponse à cette question, au risque de ne plus jamais voir l’adjectif ‘prestigieux’ être accolé à leur nom…

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