Le plan européen d’envoi de chars à l’Ukraine menace de s’effondrer comme un château de cartes. En cause ? L’Allemagne.

Le gouvernement polonais n’est pas satisfait du rôle joué par son voisin allemand dans le conflit en Ukraine. En ce qui concerne les livraisons d’armes, Berlin est plus conservateur et réticent, et la Pologne en est aujourd’hui la victime. L’Allemagne a longtemps hésité à condamner trop sévèrement la Russie, craignant que celle-ci ne ferme le robinet du gaz et du pétrole.

La Pologne, pays voisin et étroitement lié à l’Ukraine, a été l’un des premiers pays à oser lui envoyer des armes lourdes telles que des chars. Au total, l’Ukraine a reçu plus de 240 chars polonais T-72. Cette livraison avait été mise au point avec l’Allemagne. Le chancelier Olaf Scholz avait annoncé que les pays européens travaillaient sur un système appelé Ringtausch: les États membres donneraient des chars soviétiques à l’Ukraine (puisque les Ukrainiens sont déjà formés à travailler avec ces modèles), et en échange, ils recevraient des chars plus modernes de fabrication allemande.

Sur une pente glissante

Lors du Forum économique mondial, le président polonais Andzrej Duda a indiqué que ce système est désormais sur une pente glissante. « Nous avons déjà fourni à l’Ukraine un grand nombre de chars, car nous pensons que c’est notre responsabilité en tant que voisin. Mais ils (l’Allemagne, ndlr) ne tiennent pas leurs promesses. Et bien sûr, nous sommes très déçus », a déploré Duda à Davos, en Suisse.

L’Allemagne ne nie pas l’existence d’une certaine friture sur la ligne. « Berlin travaille à un échange constructif avec la Pologne et nous cherchons comment concilier leurs souhaits et nos possibilités. Mais il y a encore du travail à faire », a déclaré un porte-parole du ministère allemand de la Défense.

Pourtant, l’Allemagne ne connaît pas le même problème avec un autre pays voisin. Le Ringtausch fonctionne bien avec la République tchèque : le pays a envoyé une douzaine de T-72 et une cinquantaine de véhicules de combat d’infanterie en Ukraine, et va maintenant recevoir 14 chars Leopard 2A4 allemands et un véhicule de remorquage pour les chars de ses voisins allemands.

« J’y suis déjà allé »

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a également critiqué le gouvernement allemand. Scholz a refusé de se rendre dans la capitale ukrainienne, Kiev. Pour Morawiecki, le chancelier allemand devrait s’y rendre, ne serait-ce que pour montrer sa solidarité avec le peuple en guerre. « Il n’y a rien de mieux que de visiter la capitale d’un pays en guerre, pour comprendre la gravité de la situation », a-t-il déclaré. En début de semaine, il était déjà sorti de ses gonds par rapport aux profits gigantesques que se fait la Norvège sur le dos de la crise énergétique.

Scholz, cependant, ne cède pas d’un pouce. Il refuse de se rendre à Kiev, arguant qu’il y était « dix jours avant l’invasion russe », et ne veut pas y retourner « pour une rapide séance de photos ». « Si je vais à Kiev, ce sera dans le contexte de certaines questions spécifiques. Et il faut les préparer », a rétorqué le chancelier sur les ondes de RTL.

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