Le plan de Biden pour booster le marché des véhicules électriques aux USA sans détruire les terres américaines

Joe Biden et son administration voient dans le secteur des véhicules électriques l’occasion de stimuler l’emploi. Toutefois, pour ne pas s’attirer les foudres des écologistes et de certains démocrates qui émettraient des réserves envers l’électrique, un plan spécifique va être adopté. Explications.

Si les véhicules électriques n’émettent pas de CO2 lorsqu’ils sont en marche, il est désormais bien connu qu’ils restent tout de même très polluants à la production. On estime d’ailleurs qu’ils sont 6 fois plus gourmands en ressources minérales que les voitures thermiques.

Qu’à cela ne tienne: le secteur de l’électrique est en plein boom aux quatre coins de la planète. Les Etats-Unis n’y font pas exception. Parmi les 1.700 milliards de dollars de son vaste plan d’infrastructures, Joe Biden va en consacrer 174 milliards pour stimuler le marché national des véhicules électriques.

Un plan d’envergure

Souhaitant ménager les écologistes et certains démocrates qui viendraient critiquer son choix de l’électrique, le président américain aurait posé un choix d’une grande importance stratégique. D’après deux responsables de l’administration Biden qui se sont confiés à l’agence Reuters, les Etats-Unis vont s’appuyer sur les ressources minérales de leurs alliés, et non sur les mines américaines. En vue de booster l’emploi dans son pays, Biden va dès lors plutôt miser sur le processus de transformation des métaux en pièces nécessaires à la fabrication de puces électroniques et de batteries.

Par ‘pays alliés’, les USA songeraient principalement au Canada, au Brésil et à l’Australie. Avec une telle coopération, les Américains parviendraient à diminuer leur dépendance à l’égard de la Chine, leader mondial au niveau de l’approvisionnement en matières premières pour les véhicules électriques. De plus, ils pourraient créer de nombreux emplois dans le secteur manufacturier, ce qui devrait réduire le chômage causé par la pandémie de coronavirus.

D’après les sources interrogées par Reuters, en vue de sécuriser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement, les Etats-Unis n’ont pas besoin d’être le principal producteur de matières premières. Ce choix sera toutefois mûrement réfléchi. L’administration Biden se donne un an pour s’assurer de la solidité de cette chaîne. Une fois l’examen réalisé, une stratégie complète sera finalisée.

Dans les prochaines semaines, le ministère américain du commerce organisera d’ailleurs une conférence pour attirer davantage de fabricants de véhicules électriques dans le pays. Des crédits d’impôt et des subventions aux fabricants de batteries serviront de principaux appâts.

Les mines américaines, grandes perdantes?

Fort logiquement, si les Etats-Unis décident bel et bien de se tourner vers l’étranger pour les matières premières, ce sont les mines américaines qui vont en pâtir. Si les plus grands exploitants devraient toute de même s’en sortir grâce au boom mondial des véhicules électriques, les plus petites structures risquent de connaître bien des difficultés. Une décision d’autant plus difficile à digérer que le président démocrate avait annoncé durant sa campagne qu’il comptait s’appuyer principalement sur les métaux nationaux pour stimuler le marché américain de l’électrique, souligne Reuters.

‘Nous ne pouvons plus repousser la production des produits que nous voulons vers des endroits que nous ne pouvons pas voir et vers des personnes que nous ne rencontrerons jamais’, a déploré Mckinsey Lyon, de Perpetua Resources, qui tente de développer la mine Stibnite de l’Idaho pour produire de l’or et de l’antimoine utilisés pour fabriquer des alliages pour batteries de véhicules électriques.

Depuis quelques mois, le gouvernement américain s’est financièrement engagé dans des infrastructures étrangères: un projet de nickel au Brésil, une mine de tungstène au Rwanda ou encore des projets autour du cobalt au Canada.

Plusieurs républicains ont déjà émis de vives critiques envers cette stratégie, volant au secours des exploitants américains et expliquant que les projets de Biden en matière de véhicules électriques ne pourraient pas voir le jour sans les y impliquer.

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