Les voitures électriques sont 6 fois plus gourmandes en ressources minérales que les voitures thermiques: le symbole d’un problème bien plus large

L’Agence internationale de l’énergie tire la sonnette d’alarme dans un long rapport sur les ressources minérales. Un système énergétique – nécessaire – qui se débarrasserait des combustibles fossiles verrait sa consommation en ressources minérales exploser jusqu’à un point critique. Et le meilleur exemple pour l’illustrer est sans doute la voiture électrique. La transformation du parc automobile ne suffira pas à atteindre un monde durable.

‘Un système énergétique alimenté par des technologies d’énergie propre diffère profondément d’un système alimenté par des ressources traditionnelles d’hydrocarbures. Les centrales solaires photovoltaïques (PV), les parcs éoliens et les véhicules électriques (VE) nécessitent généralement plus de minéraux que leurs homologues à base de combustibles fossiles’, entame l’IEA.

Quelques exemples:

  • Une voiture électrique de base nécessite six fois plus de minéraux qu’une voiture conventionnelle.
AIE.
  • Une centrale éolienne terrestre nécessite neuf fois plus de ressources minérales qu’une centrale au gaz.
IEA.

Le constat est sans appel et met en danger notre sécurité d’approvisionnement: ‘Depuis 2010, la quantité moyenne de minéraux nécessaire pour une nouvelle unité de capacité de production d’électricité a augmenté de 50% à mesure que la part des énergies renouvelables dans les nouveaux investissements a augmenté.’

Quelles sont ces ressources minérales et pourquoi le renouvelable en consomme tant ?

  • Le lithium, le nickel, le cobalt, le manganèse et le graphite sont essentiels aux performances, à la longévité et à la densité énergétique des batteries.
  • Les terres rares sont essentielles pour fabriquer les aimants qui sont vitaux pour les éoliennes et les moteurs électriques.
  • Les réseaux électriques pour connecter une société qui se repose sur l’électricité ont besoin d’une énorme quantité de cuivre et d’aluminium.

Goldman Sachs le précisait encore mi-avril: ‘Le cuivre est le nouveau pétrole.’

D’autres enjeux que le carbone

Viser une société décarbonée, c’est bien. Mais il ne faudrait pas oublier les autres enjeux. Des ressources minérales suffisantes sont essentielles pour assurer notre sécurité énergétique. Dit de manière plus triviale : dans le cadre d’une société qui repose uniquement sur l’électricité, sans ressources minérales, plus du tout d’énergie, et un probable retour à l’âge de pierre.

‘Dans un scénario qui répond aux objectifs de l’Accord de Paris, la part de la demande totale des ressources minérales augmentera considérablement au cours des deux prochaines décennies à plus de 40% pour le cuivre et les terres rares, 60-70% pour le nickel et le cobalt, et près de 90% pour le lithium’, précise le rapport.

IEA.

Le secteur énergétique prend une place de plus en plus importante dans la consommation de ressources minérales. En ce qui concerne le lithium, les véhicules électriques et le stockage des batteries ont déjà remplacé l’électronique grand public pour en devenir le plus grand consommateur.

L’IEA met en garde: ‘Un effort concerté pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris (stabilisation du climat à ‘bien en dessous de 2°C d’augmentation de la température mondiale’) signifierait un quadruplement des besoins en minéraux pour les technologies d’énergie propre d’ici 2040. Une transition encore plus poussée, pour atteindre le zéro carbone à l’échelle mondiale d’ici 2050, nécessiterait six fois plus de ressources minérales minérales en 2040 par rapport à aujourd’hui.’

Le tout à l’électrique ne suffira pas

L’IEA ne dit certainement pas dans ses conclusions qu’il faut renoncer à cette économie décarbonée, mais elle prévient que le tout à l’électrique pourrait être dangereux pour la sécurité énergétique, la flambée des prix, et à terme, la possibilité de voir apparaitre des conflits, si on ne contrôle pas les ressources minérales.

Elle fait pour cela six recommandations: diversifier ses sources d’approvisionnement, promouvoir l’innovation, augmenter le recyclage, améliorer la résilience et la transparence du marché des ressources minérales, intégrer des normes environnementales et sociales plus fortes pour stimuler la durabilité de l’approvisionnement, et enfin renforcer la collaboration internationale entre producteurs et consommateurs.

Dans un monde où les ressources minérales remplacent les combustibles fossiles, la transition énergétique n’a rien de durable.

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