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Le pic de l’inflation en Europe « est à portée de main »

Le pic de l’inflation en Europe « est à portée de main »
Edward Scicluna – Credit : Anindito Mukherjee/Bloomberg via Getty Images

Selon un membre de la Banque centrale européenne, le pic de l’inflation sera bientôt atteint. Des mots qui sont quelque peu contradictoires avec ceux de la grande patronne de la BCE, Christine Lagarde.

Pourquoi est-ce important ?

L'inflation est actuellement l'ennemi public numéro 1. En septembre 2021, l'inflation établissait un record en 13 ans, atteignant 3,4% dans la zone euro. Les causes étaient à trouver dans un marché en surchauffe boosté par la politique de planche à billets des Banques centrales. Un an plus tard, l'inflation atteignait un niveau historique de 10,7%. La guerre en Ukraine était passée par là, faisant exploser les prix de l'énergie. Depuis, ce sont ces mêmes banques centrales qui se démènent pour éteindre l'inflation au prix d'une récession.

Dans l’actu : interrogé par CNBC, Edward Scicluna, membre de la BCE et gouverneur de la Banque de Malte, est positif sur l’inflation : le pic « est à portée de main ».

Son optimisme lui vient de deux points en particulier :

  • D’abord des prix de l’énergie, qui se sont largement refroidis depuis le pic du mois d’août pour se stabiliser aujourd’hui.
    • Le prix du gaz de référence, le TTF néerlandais, tourne autour des 110 dollars depuis plusieurs semaines. Comme déjà écrit dans ses colonnes, les prix sont soulagés par le temps doux en Europe et par les réserves qui sont pleines. Pour la suite, tout dépendra de la rugosité de l’hiver, mais les prix devraient se stabiliser jusqu’à l’année prochaine, quand il faudra refaire des réserves.
    • Les prix du pétrole, eux, n’ont plus beaucoup bougé, se stabilisant en dessous des 100 dollars. Les combines de l’OPEP+ pour pousser les prix à la hausse ne fonctionnent pas face au ralentissement de l’économie mondiale.
  • Ensuite et surtout, il y a le mot « paix » qui est en train de circuler, aussi bien aux États-Unis qu’en Allemagne. On parle bien sûr ici de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Des responsables américains auraient exhorté l’Ukraine à montrer qu’elle est ouverte à une résolution diplomatique du conflit. En début de semaine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a énoncé cinq conditions pour des négociations de paix avec la Russie.
    • Dans le même temps, la Russie a lâché Kherson et se bat pour maintenir ce qui lui reste. De l’autre côté, l’argent occidental et l’aide militaire, qui proviennent essentiellement des États-Unis, ne pourront pas couler indéfiniment. Les Midterms pourraient donner une marge de manœuvre réduite pour le président Biden à la Chambre des représentants.
    • Ce qu’on entend, dans les chancelleries, c’est qu’il faut profiter du stand-by qui arrive cet hiver pour au moins donner une chance à la voie diplomatique.

Le détail : la bonne nouvelle de l’inflation américaine.

  • L’inflation américaine en glissement annuel pour ce mois d’octobre est moins élevée que prévu, à 7,7 %. Une excellente nouvelle pour les marchés, Wall Street peut respirer.
  • Si ce tassement demande bien sûr confirmation, il s’agirait là d’une première preuve que la politique de la Banque centrale américaine fonctionne, et que l’économie commence à se refroidir sous les coups de boutoir des taux d’intérêt.
  • Tout le monde attend le fameux « pivot » à partir duquel la Fed commencera à assouplir sa politique monétaire, voyant l’inflation baisser.

L’essentiel : attention, l’inflation européenne n’est pas la même qu’aux États-Unis.

  • Ici, nous sommes largement plus tributaires des prix de l’énergie. Tous les éléments avancés ci-dessus peuvent très vite se retourner contre nous, si la guerre en Ukraine venait à s’éterniser.
  • C’est en partie pour cette raison que Christine Lagarde a récemment annoncé, dans un média letton, qu’une récession modeste ne serait « pas suffisante » pour faire baisser l’inflation.
  • Il faut refroidir l’économie et tarir la demande d’énergie, en espérant une résolution positive du conflit. Dans cette optique, la BCE devrait maintenir sa hausse des taux d’intérêt. Le consensus est une hausse de 0,5% lors de la prochaine réunion de décembre, contre 0,75% la fois précédente. C’est aussi ce que pense Edward Scicluna, le gouverneur de la Banque de Malte.
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