Le pays avec les plus grandes réserves de pétrole prouvées du monde importe… du pétrole

Le Venezuela, 5ème pays producteur de pétrole de l’OPEP, et celui qui possède les plus grandes réserves de pétrole prouvées du monde, vient de commencer à importer du pétrole léger d’Algérie.

Le pétrole produit par le Venezuela, qui provient pour la plus grande partie de la région de l’Orénoque, est un pétrole brut très lourd qui ne peut être exporté en l’état, et doit être retraité dans ce que l’on appelle des « upgraders ».

La compagnie étatique pétrolière PDVSA a conclu des accords avec les groupes pétroliers Chevron (Etats-Unis), ENI (Italie) et Repsol (Espagne) pour construire des upgraders, des usines de retraitement du pétrole brut pour fabriquer du pétrole brut plus léger qui pourrait se vendre plus facilement, mais ces installations ne sont pas encore opérationnelles.

En attendant, le pays importe du naphta pour le mélanger au pétrole et le rendre exportable. Or, les prix du naphta ont fortement augmenté récemment, ce qui a eu pour effet de baisser les rentrées du gouvernement, qui compte largement sur les bénéfices de PDVSA pour se financer.

Le pays est donc arrivé à la conclusion qu’il était plus rentable d’importer du pétrole léger pour le mélanger au pétrole local pour le rendre exportable, que d’importer du naphta. Le pétrole « blend » issu du mélange avec le naphta, appelé pétrole brut dilué ou DCO (diluted crude oil) n’est pas très demandé et le principal marché est fourni par la filiale américaine de PDVSA, Citgo.

L’importation de pétrole léger permettra donc de compenser, en attendant la mise en service des upgraders.

Dans le courant du mois d’octobre, des sources avaient également indiqué à Reuters que le pays avait aussi importé du pétrole léger de Russie. C’est la première fois que le pays importe du pétrole depuis 1990.

Malgré l’immense richesse pétrolière – le pays dispose de 200 ans de réserves de pétrole – l’économie vénézuélienne est au plus mal, et récemment, les deux éminents économistes Carmen Reinhart, et Kenneth Rogoff spéculaient sur sa probable faillite prochaine.

Le contrôle des changes et la pénurie de dollars qu’il a provoquée ont anéanti la capacité du pays à importer des marchandises, ce qui a eu pour effet de créer des pénuries de produits de base, et de faire monter les prix. En Février, le gouvernement avait dévalué le bolivar, fixant la parité du dollar à 6,3 bolivars, contre 4,3 précédemment.

Le 9 septembre dernier, la Banque centrale du pays avait indiqué que le taux de l’inflation annuelle s’élevait à 63,4%, un record pour le Venezuela, mais aussi le taux d’inflation le plus élevé du monde

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