Le cours du Bitcoin explose, sa consommation d’électricité aussi: c’est bien plus que ce que consomme toute la Belgique

Le Bitcoin fait la Une de l’actualité financière ces dernières semaines. Son cours ne cesse d’augmenter, avec le plafond de 40.000 dépassé hier pour la toute première fois. Mais la cryptomonnaie atteint aussi des pics de consommation énergétique phénoménaux.

Si les monnaies traditionnelles comme l’euro ou le dollar sont imprimées et émises par les banques centrales quand il le faut, le fonctionnement du Bitcoin est différent.

Le minage du Bitcoin est effectué via des ordinateurs spécialisés, dont le but est de sécuriser le réseau global et d’enregistrer toutes les transactions dans un registre nommé blockchain. Pour vérifier et valider ces transactions, chaque mineur doit passer par la résolution d’énigmes. Ces calculs sont des obstacles qui permettent d’empêcher tout enregistrement de transaction frauduleux.

Pour récompenser leur participation dans le système, les mineurs se voient offrir à leur tour des Bitcoins. L’activité de ces personnes est continue. Celle de leurs ordinateurs aussi. Ce qui engendre une consommation énergétique assez importante.

Pic de consommation d’électricité

Des chercheurs se penchent sur la consommation d’électricité globale du réseau Bitcoin. L’université de Cambridge a ainsi créé un outil permettant d’estimer cette consommation. Il utilise un prix moyen de l’électricité par kilowattheure (0,05 $) et les besoins énergétiques du réseau Bitcoin. Le modèle suppose que toutes les machines à miner du Bitcoin du monde entier fonctionnent avec des efficacités différentes.

Depuis début novembre, le cours du Bitcoin ne cesse d’augmenter. Ces derniers jours, son ascension a pris une tournure encore plus impressionnante, franchissant jeudi le palier historique des 40.000 dollars. Conséquence logique: la consommation énergétique du réseau atteint elle aussi des sommets.

En ce début 2021, le Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index estime que la consommation annuelle du réseau Bitcoin en électricité frôle les 110 térawattheures. Soulignons que la demande énergétique réelle du Bitcoin reste incertaine. Les analystes de l’université de Cambridge indiquent donc également des limites théoriques. Actuellement, la limite inférieure se situe juste en dessous de 40 TWh, la supérieure à près de 230 TWh.

Si la course folle du cours du Bitcoin se poursuit, les valeurs de sa consommation énergétique continueront de s’envoler avec lui.

Plus que la Belgique

Ces données ne vous disent peut-être pas grand-chose. Les chercheurs de l’université britannique le savent. Ils ont donc ajouté à leur site un outil comparatif. Actuellement, la globale du réseau Bitcoin représenterait 0,5% de la consommation mondiale d’électricité.

L’outil indique aussi une comparaison avec les autres pays. Le réseau Bitcoin implique une consommation d’électricité plus grande que celle de toute la Belgique. Les données nationales reprises dans l’index datent de 2016, mais la comparaison reste valable avec les chiffres les plus récents. La FEBEG indique en effet que la consommation en électricité de la Belgique avait été de 83,73 TWh en 2019. C’est donc plus de 25 TWh de moins que le réseau Bitcoin actuellement.

Avec son emballement récent, le Bitcoin vient tout juste de dépasser la consommation annuelle en électricité des Pays-Bas. Il n’y a plus que 31 pays qui consomment plus d’électricité que la cryptomonnaie.

Empreinte carbone

Alex de Vries, expert en énergie du cabinet de conseils et d’audits PwC, a établi un outil similaire. Ses estimations sont un peu plus basses que celles de l’université de Cambridge – le réseau Bitcoin consommerait actuellement autant d’électricité que la Belgique, et non davantage – mais il souligne que des données plus précises doivent absolument être fournies pour évaluer correctement ‘l’urgence du problème, la mise en œuvre de la bonne réponse politique dans les bons endroits et la mise en place de programmes d’atténuation’.

Par transaction effectuée (évaluée en moyenne entre 491,4 et 765,4 kWh chacune), le réseau Bitcoin serait ‘plus gourmand en énergie que le système financier traditionnel’. Selon de Vries, le problème est grandissant. ‘Plus la rentabilité de l’exploitation minière est importante, plus elle permet aux acteurs du marché de prendre des décisions qui se traduisent par une efficacité énergétique sous-optimale du réseau Bitcoin’, indique-t-il dans un papier publié le mois dernier.

Plus que la consommation électrique du réseau elle-même, de Vries s’inquiète de l’empreinte écologique de celle-ci. D’après une étude publiée en août 2020, il estime qu’une seule transaction bitcoin a une empreinte égale à celle de quatre ampoules électriques. Le chercheur néerlandais explique que le réseau global du Bitcoin produirait déjà autant de déchets électroniques qu’un pays comme le Luxembourg. De Vries conclut son papier en indiquant que Bitcoin devrait ‘remplacer son mécanisme d’extraction par une alternative plus verte, comme le Proof-of-Stake’.

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