Le cauchemar du Brexit vu par les yeux d’un entrepreneur

Nous avons tous lu que le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne aurait des conséquences catastrophiques pour le commerce mutuel entre les deux entités. Cependant, les entreprises qui y sont confrontées supportent pour la plupart les conséquences de cette décision improbable. Des mesures ont été prises pour soutenir les entreprises qui commercent fortement avec le Royaume-Uni, mais le cauchemar kafkaïen dans lequel les Brexiteers ont plongé le monde des affaires défie toujours toute imagination. Un témoignage.

Ce n’est plus un marché stratégique

Nous avons une entreprise qui commercialise un assistant-sommelier personnel sur les marchés européen et américain. Le Royaume-Uni est également un marché potentiel, mais nous avions déjà tiré un trait sur ce dernier dans notre business plan. Mais il existe encore des médias très importants basés à Londres, notamment le Financial Times.

Bonne chance pour envoyer un colis

Dans ce cadre, nous souhaitions envoyer un colis à une journaliste spécialisée dans le vin du journal britannique qui souhaitait tester notre produit. En réponse, elle nous a envoyé une lettre de deux pages détaillant les procédures à suivre.

Vous trouverez ci-dessous une partie du briefing que nous avons reçu à ce sujet, en rouge, en gras et avec tous les points d’exclamation.

Si ce n’était que cela… Nous avons ensuite reçu un mail de notre opérateur qui fait deux pages et dans lequel vous devez également suivre une liste d’instructions. Les données dont ils ont besoin sont des termes relativement obscurs qui vous obligent à entreprendre une longue recherche de ce qu’ils signifient avant de pouvoir consulter les données, ce qui constitue une autre charge supplémentaire, surtout pour une petite entreprise disposant d’un personnel minimal. Exemples : la raison de l’exportation, le nom de la société du bateau d’acheminement, le numéro du bateau, la quantité, le prix unitaire, le poids unitaire, le prix total, le code HS, le pays d’où provient le colis, etc.

Merci Bruxelles

L’expédition d’un colis en Europe est en fait si facile que vous ne vous en rendez compte que lorsque vous souhaitez expédier un colis vers un pays hors de l’Union européenne pour la première fois après le Brexit. Le courage vous manque, sans parler des coûts administratifs supplémentaires exorbitants. Les bureaucrates que tout le monde maudit tant à Bruxelles ont vraiment leur fonction et leur utilité.

Abolir la livre sterling

Quiconque doute que le Royaume-Uni s’est tiré une balle dans le pied verra, dans quelques années, l’économie continuer à décliner, non pas d’un facteur 1, mais d’un facteur 10. Le Royaume-Uni est déjà le pays dont la croissance est la plus lente, plus lente encore que celle de la Russie.

Il n’y a qu’une seule chose à faire pour remettre le Royaume-Uni sur les rails : réintégrer l’Union européenne

Mais cette fois, le pays devra abandonner la livre sterling, car il y aura un prix très élevé à payer pour y revenir, dans dix ans au plus tôt, lorsque la douleur deviendra insupportable.

Monty Python en poil et en plumes, une métaphore du départ raté du Royaume-Uni (Rainer Binder/ullstein bild via Getty Images).

Tout cela semble peu probable aujourd’hui, mais on ne peut pas continuer à appauvrir de la sorte une population. Comme l’a déclaré Bill Clinton lors de sa campagne pour la présidence, « It’s the economy, stupid ». Si vous touchez à la prospérité de votre population, elle se révoltera. La situation actuelle est déjà très enflammée chez les Britanniques, normalement très léthargiques. Il n’y a jamais eu autant de grèves, depuis les années 70, qui, soit dit en passant, ont été indirectement la raison de l’adhésion à l’Union européenne. Les Monty Python en auraient fait un glorieux sketch.


Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur (www.qelviq.com)

Plus