La livre a eu le vent en poupe au cours des premiers mois de cette année en raison de la hausse des taux d’intérêt. Bien que les taux d’intérêt britanniques soient toujours en hausse, l’attention des marchés des devises s’est portée sur les problèmes économiques et la menace d’un nouveau conflit du Brexit.
Dans le monde financier, tous les regards sont tournés vers les banques centrales cette semaine. Mercredi, la banque centrale américaine a osé relever ses taux d’intérêt de trois quarts de pour cent pour la première fois depuis 1994. Plus près de nous, la Banque d’Angleterre (BoE) s’en est tenue à une augmentation d’un quart de pour cent. Cela peut sembler un petit pas, mais c’était déjà la cinquième augmentation en six mois. Pour la seule année 2022, le score est de 4-0 en faveur de la BoE par rapport à la Banque centrale européenne. Après un bon départ, cependant, il y a eu peu de signes de l’avance du taux d’intérêt britannique sur les marchés des devises au cours des derniers mois.
La confiance a disparu
La livre est passée hier sous la barre des 1,15 euro pour la première fois depuis un an. Il y a un peu plus de trois mois, la monnaie valait encore plus de 1,20 euro. Habituellement, une telle baisse est le résultat de l’évolution du marché des taux d’intérêt. Cette fois, la faiblesse de la livre est principalement due à des problèmes économiques. En début de semaine, il a été annoncé que l’économie du Royaume-Uni s’est contractée en avril pour le deuxième mois consécutif. La croissance a été négative dans les secteurs des services, de l’industrie manufacturière et de la construction. Mais le plus inquiétant est l’évolution de la confiance des consommateurs. Il a récemment atteint le niveau le plus bas depuis que de tels chiffres sont compilés. Il n’y a que deux pays en Europe qui obtiennent un score plus mauvais : Grèce et… Pays-Bas.
Nouvelle dimension du problème
Le malaise de la livre a pris une nouvelle dimension en début de semaine. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a présenté une proposition visant à modifier unilatéralement les accords de Brexit avec l’UE concernant le commerce avec l’Irlande du Nord. Bien sûr, cela lui a valu une tempête de critiques en Europe, mais l’initiative de BoJo n’est pas très étrange. Il s’est mis dans une position impossible avec l’accord de Brexit qu’il a conclu il y a plus de deux ans. Dans ce cadre, il y a la libre circulation des marchandises entre l’Irlande du Nord et l’Irlande (européenne), avec un contrôle en mer d’Irlande comme filet de sécurité derrière.
Un été chaud pour la fourrière
Actuellement, plusieurs affaires sont déjà en cours concernant les trous dans ce filet de sécurité. Le Royaume-Uni, par exemple, doit trouver une bonne explication à l’absence de contrôles frontaliers dans les échanges entre l’Irlande du Nord et l’île. Si elle ne le fait pas dans les deux mois, la Haute Cour de justice des Communautés européennes pourrait lui infliger de très lourdes amendes. Compte tenu de ces problèmes persistants, l’UE s’abstient de renforcer la pression politique par les canaux officiels. Mais il est déjà clair qu’une nouvelle dispute sur le Brexit n’est qu’une question de temps. Et cela ajoutera de l’huile sur le feu de l’été chaud vers lequel la livre semblait déjà se diriger.
Joost Derks est un spécialiste des devises chez iBanFirst. Cette chronique exprime son opinion personnelle et ne constitue pas un conseil professionnel (d’investissement).