Le Brésil face à l’épidémie: chronique d’une catastrophe annoncée

Avec plus de 270.000 contaminations, le Brésil fait officiellement partie des pays les plus touchés par le nouveau coronavirus. Mardi soir, le cap des 1.000 morts en une seule journée a été franchi. Plus inquiétant encore, le géant sud-américain afficherait le plus fort taux de contagion au monde. Mais son président, Jair Bolsonaro, poursuit inlassablement ses critiques envers les mesures de confinement.

Avec 1.179 décès au cours des dernières 24 heures, le Brésil a donc dépassé pour la première fois la barre des 1.000 morts des suites du coronavirus en une journée, selon les chiffres annoncés par le ministère de la Santé mardi soir et relayés par l’AFP. Le précédent record datait du 12 mai, lorsque 881 décès en 24 heures avaient été rapportés. Cela porte le total des victimes du Covid-19 à 17.971. Mais selon les experts, le pic des décès n’est pas attendu avant le début du mois de juin…

Par ailleurs, le géant brésilien a déjà officiellement détecté 271.628 cas d’infection au Covid-19 parmi sa population, ce qui en fait le quatrième pays le plus touché au monde. Or le Brésil a effectué relativement peu de tests de dépistage pour une nation de 210 millions d’habitants, ce qui fait craindre à certains experts que les chiffres réels ne soient bien supérieurs, possiblement jusqu’à 15 fois plus élevés. Le Centre Covid-19 Brasil, cité par le site du Journal du Dimanche, redoute que le pays ne compte plutôt entre 2,5 et 3,4 millions de cas positifs…

Hôpitaux proches de la saturation

Et avec 17.408 nouveaux cas détectés au cours des 24 dernières heures, les services hospitaliers brésiliens s’approchent dangereusement de la saturation. Selon l’AFP, les unités de soins intensifs d’hôpitaux des États de Sao Paulo, Rio de Janeiro (sud-est), du Ceara, d’Amazonas ou du Pernambouc (nord et nord-est), en sont très proches.

Toujours plus inquiétant, le Brésil afficherait également le plus fort taux de contagion au monde, synonyme d’une épidémie qui poursuit sa phase d’accélération. Selon une étude de l’Imperial College de Londres, réalisée à la fin du mois d’avril, le R0 y serait de 2,81. Ce qui signifie qu’une personne atteinte par la maladie en contamine en moyenne près de trois autres. À titre de comparaison, le R0 en Belgique oscillait ces dernières semaines entre 0,6 et 0,8…

Le négationnisme de Jair Bolsonaro

Mais tous ces signaux d’alarme ne semblent guère inquiéter le président brésilien d’extrême-droite, Jair Bolsonaro, qui continue à nier la gravité de l’épidémie. Au nom de l’économie du pays, celui-ci poursuit ses appels à la reprise du travail et à la fin des mesures de confinement mises en place contre sa volonté par les gouverneurs d’une bonne partie des États du pays pour tenter de faire face à la crise sanitaire.

Dimanche, le chef de l’État brésilien a salué les centaines de partisans qui s’étaient rassemblés devant le siège de la présidence, sans accorder une grande importance aux conseils de distanciation sociale, même s’il portait un masque. ‘C’est très gratifiant de recevoir une manifestation de soutien […], ça nous renforce’, a déclaré celui qui accuse pourtant une baisse de popularité inédite. Selon un sondage publié la semaine dernière, 55,4% des Brésiliens désapprouvent désormais la façon dont il dirige le Brésil, contre 47% en janvier. Et seulement 39% des sondés approuvent sa gestion de la crise sanitaire.

Bruits de bottes

Et la toute fraîche démission pour ‘incompatibilités’ de son ministre de la Santé, Nelson Teich, moins d’un moins après sa nomination, ne devrait pas améliorer la cote de popularité du président Bolsonaro. Le limogeage le mois dernier du prédécesseur de M. Teich, le très populaire Luiz Henrique Mandetta, avait déjà porté un rude coup au leader brésilien…

Et si l’on ajoute à tout cela quelques bruits de bottes en fond sonore, certains partisans de Jair Bolsonaro n’hésitant pas à appeler de leurs voeux une intervention de l’armée et la fermeture du parlement, tous les ingrédients semblent réunis pour que la crise sanitaire se transforme en véritable catastrophe pour le Brésil.

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