L’avenir de Brussels Airlines se joue en partie ce vendredi: le patron de Lufthansa rencontre le gouvernement

Carsten Spohr, le patron du groupe aéronautique allemand Lufthansa, se rend à Bruxelles ce vendredi pour négocier sur l’avenir de sa filiale Brussels Airlines avec le gouvernement belge. Mardi, la compagnie aérienne belge a annoncé son intention de supprimer jusqu’à un millier d’emplois, soit un quart de son personnel.

Syndicats et direction se réuniront à nouveau lundi prochain. Mais jeudi soir, les représentants des travailleurs ont annoncé, en front commun, leur refus de négocier avec la direction de la compagnie sur le plan annoncé, tant qu’ils n’en savent pas plus sur l’avenir immédiat de l’entreprise.

Selon eux, les propositions actuellement sur la table ne sont ‘ni sérieuses, ni réalistes, ni négociables et même illégales’. Un dernier qualificatif que rejette vivement Brussels Airlines.

‘Nous devons nous restructurer’

Selon Dieter Vranckx, patron de Brussels Airlines, la compagnie est ‘bien trop grande’. ‘Nous devons nous restructurer, car avec notre structure actuelle, nous ne survivrons pas à la crise du coronavirus’, a-t-il mis en garde mardi.

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L’administrateur délégué avait en outre souligné que son entreprise avait déjà un problème avant l’épidémie de coronavirus car elle n’était pas structurellement rentable. Un plan de réorganisation basé sur des départs volontaires était déjà en cours mais ne sera pas suffisant dans le contexte actuel. ‘Nous avons constaté les premiers effets positifs de ce plan en janvier et février. Mais le monde a ensuite changé’ en raison de la pandémie, avait-il analysé.

Concrètement, Brussels Airlines va maintenant réduire sa flotte de 30%, passant de 54 à 38 appareils: trente pour les vols européens et huit pour les liaisons intercontinentales. Une dizaine de ses propres avions seront retirés, tout comme ceux loués à CityJet. Un contrat qui a déjà été résilié.

Trois éléments pour survivre à la crise

La direction, en collaboration avec les syndicats, veut essayer de limiter au maximum les licenciements secs. Il existe différentes options, comme que la prépension, les départs volontaires, le travail à temps partiel, les contrats saisonniers et les congés sans solde. Pour les employés qui restent, la direction propose ‘une simplification de la structure de rémunération’.

Le premier objectif de la restructuration annoncée est de survivre à la crise. Le coronavirus a en effet pratiquement paralysé le secteur de l’aviation. Les vols réguliers de Brussels Airlines sont suspendus depuis le 21 mars et jusqu’au 15 juin quand reprendra une partie de l’offre. Les employés sont au chômage technique depuis la mi-mars, tandis que l’entreprise perd 1 million d’euros par jour.

Trois éléments doivent être réunis pour donner un avenir à Brussels Airlines, avait rappelé mardi son patron: le plan de restructuration, qui doit être négocié avec les syndicats dans les prochaines semaines, le soutien de la maison-mère Lufthansa – qui est là, selon Dieter Vranckx – et celui du gouvernement. Les discussions sur une aide de 290 millions d’euros sont en cours, mais aucun accord n’a encore été conclu.

Carsten Spohr à Bruxelles

C’est dans ce contexte que Carsten Spohr, le patron du groupe aéronautique allemand, vient donc à Bruxelles vendredi pour discuter de l’avenir de la compagnie avec le gouvernement belge. Selon les syndicats, l’Etat semble prêt à soutenir financièrement Brussels Airlines afin que la compagnie aérienne puisse surmonter la crise, mais à condition, que Lufthansa fournisse des garanties sur l’avenir de sa filiale.

Le gouvernement et les syndicats ont convenu de se revoir chaque semaine afin de ne pas séparer les dossiers de restructuration et de l’aide d’État.

Les réserves de cash en négatif dès ce mois-ci? Brussels Airlines dément

Par ailleurs, Brussels Airlines a contesté jeudi soir l’affirmation selon laquelle ses réserves de cash seront en négatif de 11 millions d’euros le 20 mai prochain. Une information ‘complètement fausse’, selon la compagnie aérienne, qui déplore que cela nuise en outre sévèrement à sa réputation.

Selon le document envoyé au SPF Emploi pour le lancement de la procédure Renault dont Belga a pu prendre connaissance, les réserves de cash de Brussels Airlines seront en négatif de 11 millions d’euros le 20 mai prochain. Sur l’ensemble de l’année, la compagnie prévoit un manque de liquidités de 290 millions d’euros.

‘Cette information est non seulement complètement fausse, mais elle nuit aussi sévèrement à la réputation de la compagnie’, regrette-t-elle. ‘La situation de cash de Brussels Airlines atteindra un niveau critique à la fin du mois de mai’, ajoute-t-elle.

‘En tant que compagnie responsable, Brussels Airlines prend depuis le début de la crise du coronavirus toutes les mesures nécessaires pour protéger au maximum sa situation de cash en diminuant au maximum ses dépenses. Une situation de cash négatif n’est dès lors pas du tout à attendre pour le 20 mai prochain’, assure l’entreprise.

La situation du cash évolue chaque jour, explique encore Brussels Airlines, qui dit avoir pu, grâce à diverses mesures, repousser la date à laquelle elle atteindra une situation critique en la matière.

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