L’armée américaine veut construire des usines sur la Lune: mais pour quoi faire ?

Une agence du département américain de la Défense lance un appel. Les entreprises se sentant capables d’installer des usines sur la Lune peuvent la contacter afin de collaborer autour d’un projet commun. Explications.

La Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) est une agence faisant partie du département américain de la Défense. Son rôle: développer de nouvelles technologies à des fins militaires.

Visiblement, la DARPA a une nouvelle idée en tête. Elle a lancé un tout nouveau programme, baptisé NOM4D (Novel Orbital and Moon Manufacturing, Materials and Mass-efficient Design). Il vise à encourager les entreprises commerciales du secteur spatial à développer des technologies de fabrication en dehors de la Terre afin de produire de ‘grandes structures spatiales et lunaires’.

Les entreprises candidates doivent ainsi soumettre des projets d’unités de production dotées de propriétés telles qu’elles pourraient prendre place sur la Lune – ou dans l’espace – et non sur Terre.

‘La vision de NOM4D est de développer les matériaux, les processus et les conceptions de base nécessaires pour réaliser la fabrication dans l’espace de systèmes du département de la Défense de grande taille, précis et résistants’, a précisé Bill Carter, responsable du programme au sein du bureau des sciences de la défense de la DARPA.

‘Les gens pensent à la fabrication en orbite depuis un certain temps, nous espérons donc faire la démonstration de nouveaux matériaux et de nouvelles technologies de fabrication d’ici la fin du programme. Le domaine d’intérêt de la surface lunaire sera davantage axé sur les études commerciales et les démonstrations ciblées’, a-t-il précisé.

À quoi cela servira-t-il ?

Les entreprises intéressées auront l’occasion d’en apprendre davantage le 26 février, lors d’une journée qui leur sera spécialement dédiée. Il leur sera également demandé de présenter leur projet de constructions extraterrestres.

Le NOM4D sollicite des idées pour construire de grands panneaux solaires, des antennes radiofréquences et des télescopes infrarouges à ondes longues.

Spécialisé dans l’innovation, le site newatlas.com détaille l’intérêt du projet. En plaçant des usines sur la Lune, la défense américaine pourra construire des structures bien plus volumineuses et plus massives que sur Terre. De plus, celles-ci gagneront en stabilité, en souplesse et en adaptabilité.

En outre, de telles installations éviteront aux États-Unis de devoir construire ces structures sur Terre puis de les envoyer séparément dans l’espace. Jusqu’à présent, il faut que chacune de ces structures ait les dimensions et les propriétés de résistance nécessaires pour être transportées à bord d’un vaisseau spatial. C’est de cette façon qu’a été mise sur pied l’ISS. Lourde de 420 tonnes, elle n’a bien évidemment pas été envoyée telle quelle dans l’espace.

Vers la naissance de la base lunaire

En filigrane de ce programme se trouve l’idée que l’accessibilité de la Lune va se développer à vitesse grand V dans les prochaines années.

La DARPA a déclaré qu’elle ‘suppose’ qu’une ‘écosphère spatiale sera établie d’ici 2030, comprenant une logistique [et] des installations fiables’. Ce qui impliquera des lancements orbitaux rapides fréquents, des vols fréquents vers la Lune, des ravitaillements en orbite des engins spatiaux robotisés. Ou encore, donc, des robots construisant des structures sur la Lune et dans l’espace.

La NASA ne cache d’ailleurs pas son ambition de créer une base lunaire permanente, qui lui permettra de grandement accélérer sa conquête de l’espace. L’agence spatiale américaine considère la Lune comme ‘la porte d’entrée du système solaire’.

Enfin, rappelons que les accords Artémis ont été signés en octobre dernier par huit pays, dont les États-Unis. Si ce programme prévoit de réglementer l’exploration lunaire, il inclut également l’envoi de deux astronautes sur la Lune en 2024. Sur le long terme, l’objectif est d’y installer une présence humaine permanente.

Pour construire et entretenir cette base, disposer d’unités de production sur place constituerait un atout non négligeable.

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