L’Arabie Saoudite aligne les projets mirobolants. Après un gratte-ciel de 170 kilomètres de long, voici la volonté de monter sur le podium des plus importantes places boursières du monde. Mais le conservatisme radical pourrait être un défi pour attirer des investisseurs internationaux.
Avec Saudi Aramco, l’Arabie Saoudite détient déjà l’entreprise à la deuxième plus importante valeur boursière au monde. Le groupe pétrolier pèse actuellement 2.310 milliards de dollars, et s’échange régulièrement la première place avec Apple, en fonction de la fluctuation du prix des actions. Mais le Royaume du désert veut également donner un tel palmarès à sa place boursière, qu’il veut catapulter parmi les trois plus larges de la planète dans les années à venir.
C’est ce qu’assure le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), à la présentation de The Line, un projet fou de gratte-ciel construit en ligne droite sur 170 kilomètres de long, à laquelle Arab News a assisté. Ce gratte-ciel s’inscrit dans le cadre du projet NEOM, une métropole dans le désert, qui sera le prochain poids lourd de la bourse saoudienne. Le prince s’attend à ce que le projet commence à vendre des actions en 2024. Cela devrait rapporter 266 milliards de dollars au poids de la bourse.
Dans les années suivantes, la valeur boursière du projet devrait encore être multipliée par cinq, au fur et à mesure que les constructions avancent. D’autres projets qui devraient gonfler la valeur sont aussi dans le pipeline : MBS veut petit à petit inscrire à la cotation toutes les entreprises qui se trouvent dans le portefeuille du Public Investment Fund. Ce fonds souverain est le sixième plus important du monde et détient actuellement 200 actifs environ, d’une valeur de 620 milliards de dollars.
Un dixième de Wall Street
Le projet d’atteindre le top 3 des places boursières mondiales peut sembler aussi titanesque que le projet NEOM en lui-même. Pour d’aucuns cette ville relève de la fantaisie, à l’image de la Jeddah Tower, un gratte-ciel devant atteindre exactement 1.001 mètres mais dont le chantier est en suspens (et ainsi, la voisine « rivale » Dubaï garde pour l’instant la tour la plus haute du monde).
A la fin de l’année 2021, la bourse de Riyad, aussi appelée Tadawul, était la treizième plus importante du monde, avec une valeur de 2.620 milliards de dollars, juste derrière Francfort, avec 2.630 milliards de dollars, mais loin derrière le Numéro 1 du monde, le New York Stock Exchange, qui pesait 26.240 milliards de dollars à la fin de l’année 2021, soit dix fois plus que Riyad.
Voici les principales places boursières du monde en 2021 :
- 2. Nasdaq, 23.460 milliards de dollars, avec son fameux indice technologique, le Nasdaq 100
- 3. Shanghai, 7.630 milliards de dollars
- 4. Euronext (Amsterdam, Bruxelles, Dublin, Lisbonne, Milan, Oslo, Paris), 7.330 milliards de dollars
- 5. Japon, 6.790 milliards de dollars
- 6. Hong Kong, 6.130 milliards de dollars
- 7. Shenzhen, 5.740 milliards de dollars
- 8. Bombay, 3.960 milliards de dollars
- 9. Inde National, 3.770 milliards de dollars
- 10. Londres, 3.610 milliards de dollars
- 11. Toronto, 3.320 milliards de dollars
2021 a été une année phénoménale pour les différentes plateformes boursières, mais depuis nombre d’entre elles sont en baisse.
Diversification et conservatisme
L’économie saoudienne est encore largement dominée par le pétrole, mais tente de se diversifier : un jour, le pétrole sera vide ou les moteurs à combustion ou les plastiques interdits. Le pays mise notamment sur le tourisme. Le projet NEOM a pour vocation d’attirer des touristes. La ville de la Mecque est aussi en expansion pour accueillir plus de pèlerins et autres touristes. Une diversification économique peut aussi être une possibilité pour attirer des investisseurs.
Mais quelles libertés trouveront ces investisseurs? Le Royaume est connu pour être un des plus conservateurs. Il est accusé d’assassiner des journalistes et de réprimer les droits de l’Homme. On peut bien imaginer qu’une fois que ces entreprises seront publiques, la famille royale gardera la main mise sur une majorité des actions pour décider les opérations des entreprises, par exemple. On sait aussi que trop de conservatisme fait vite fuir les investisseurs occidentaux, comme l’ont montré les régulations de la Chine envers son secteur technologique.