L’agence spatiale russe, Roscosmos, a récemment présenté son module Zeus. Un appareil fonctionnant à l’énergie nucléaire, capable de visiter Jupiter et ses lunes et de rester actif pendant 50 jours. Plus de 40 ans après les premiers satellites alimenté à l’énergie nucléaire, la Russie veut retenter le coup et aller plus loin qu’elle n’a jamais été.
Dans les années 70 et 80, à l’apogée du programme spatial russe, plusieurs satellites propulsés à l’énergie nucléaire ont été envoyés dans l’espace. Cela a mené au premier incident nucléaire dans l’espace, puisque le satellite Kosmos 954 n’a pas réussi à atteindre son orbite et s’est crashé au Canada.
Mais depuis 1988, il n’y a pas vraiment eu de nouveaux projets concrets d’engins spatiaux alimentés par un réacteur nucléaire, que ce soit en Russie, en Europe ou aux États-Unis. En 2004, la NASA avait bien annoncé la création du programme Prometheus pour construire un propulseur spatial à l’énergie nucléaire pour aller visiter Jupiter. Mais le projet avait été abandonné un an plus tard.
C’est donc finalement la Russie qui se lance dans une telle aventure. Le module Zeus, encore à l’état de maquette, possède déjà un programme très chargé. Le vaisseau passerait près de la lune avant de visiter Venus et ensuite de repartir vers Jupiter. Pour rappel, la plus grande planète du système solaire se trouve à 965 millions de km de la Terre.
Le module nucléaire TEM
Zeus fonctionnera grâce à TEM, le nouveau module nucléaire de l’agence spatiale russe. Il fonctionnera comme un réacteur nucléaire classique. Il produira donc de l’électricité qui permettra de faire fonctionner le propulseur. Et c’est bien ce qui le rend si spécial. Car les modules spatiaux utilisant des isotopes radioactifs ne sont pas rares. Le rover Curiosity en est d’ailleurs doté. Mais cela a simplement un but thermodynamique. Le cœur radioactif fournit seulement de la chaleur à l’engin spatial.
L’utilisation d’un véritable réacteur nucléaire permet de faire fonctionner un vaisseau ou une sonde sans passer par l’énergie solaire. Il sera donc possible d’explorer sans aucun souci les zones de l’espace à l’ombre de notre étoile. En outre, cela fournit de l’énergie pendant une très longue période. Le voyage du module Zeus, qui partira en 2030, durera 50 mois, mais le TEM pourrait fournir de l’énergie pendant 10 à 12 ans, selon Roscosmos.
Le module TEM ne sera pas seulement utile pour le voyage de Zeus. L’agence russe aimerait aussi relancer des satellites grâce à un remorqueur nucléaire. Mais le projet le plus fou serait certainement celui d’une station spatiale alimentée à l’énergie nucléaire. Toutefois, la Russie en est encore bien loin.
Objectif Jupiter
Bien que son projet soit en bonne voie, la Russie n’aura pas l’exclusivité de l’exploration de Jupiter. La planète gazeuse a déjà été survolée à de nombreuses reprises par des sondes. La NASA a déjà envoyé deux sondes en orbite autour de Jupiter, Galileo en 1995 et Juno en 2016.
L’Agence spatiale européenne devrait en outre envoyer sa sonde JUICE en 2022 afin qu’elle arrive près de Jupiter en 2030, soit l’année où la Russie lancera seulement Zeus. Les programmes européens et russes sont par ailleurs relativement similaires. Les deux sondes auront pour but d’analyser les satellites naturels de Jupiter, qui contiendraient en leur cœur un océan glacé.
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