La plus grande compagnie pétrolière d’État de Russie ne parvient pas à vendre 37 millions de barils de pétrole brut

Le géant pétrolier russe Rosneft n’a pas réussi à vendre 37 millions de barils de son produit phare, le pétrole brut Oural. C’est ce qu’ont déclaré des initiés à l’agence de presse Reuters. En réponse à la guerre russe en Ukraine et aux mesures punitives prises à l’encontre du régime de Poutine, les négociants européens en pétrole cherchent refuge ailleurs.

Pourquoi est-ce important ?

Pour l'instant, il n'y a pas encore eu d'accord sur un embargo sur l'or noir russe dans l'UE. Mais de nombreux pays européens ont eux-mêmes décidé de ne plus acheter de pétrole brut à la Russie. Ou ont réduit leurs importations. Il est donc de plus en plus difficile pour les producteurs russes de trouver un débouché pour leurs produits.

Les barils de pétrole brut avaient été mis aux enchères par Rosneft et devaient être livrés aux ports en mai et juin. Mais aucun client européen n’a voulu participer. Selon Reuters, certains raffineurs asiatiques ont fait des offres, mais la société étatique russe ne les a pas acceptées. D’autres acheteurs basés en Asie se seraient plaints que l’exigence de Rosneft de payer la totalité du montant en avance était trop stricte, indique Business Insider.

L’Allemagne ?

Selon Bloomberg, la part des exportations du pétrole Oural vers l’Europe est passée de 90 à 50%.

Pourtant, aucun embargo européen contre le pétrole russe n’a encore été imposé. L’Allemagne en particulier, dont l’économie est fortement dépendante des produits énergétiques russes, a jusqu’à présent fait l’obstruction dans les négociations visant à officialiser un tel boycott.

Mais le vent semble tourner : le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a déclaré mardi qu’un embargo était devenu « gérable » car son pays serait « très, très proche de l’indépendance vis-à-vis des importations de pétrole russe ». Il a tenu ces propos dans la capitale polonaise, Varsovie, où il a rencontré la ministre polonaise du Climat, Anna Moskwa.

Mais un embargo européen reste une question délicate pour l’économie mondiale. Ainsi, le prix du pétrole pourrait atteindre le niveau record de 185 dollars le baril si l’UE venait à interdire toute importation de pétrole russe avec effet immédiat, d’après la banque d’investissement JP Morgan.

« Destination inconnue »

Malgré la réticence généralisée de l’Occident à acheter du pétrole russe, des barils continuent tout de même d’arriver anonymement sur le marché européen. Un nombre croissant de cargaisons russes sont ainsi étiquetées « destination inconnue« , une technique qui permet à la Russie de vendre son or noir à des négociants européens qui préfèrent laisser penser qu’ils le boycottent.

La semaine dernière, sur le mois d’avril, plus de 11,1 millions de barils avaient été chargés sur des navires russes dont la destination était inconnue, contre presque zéro avant l’invasion de l’Ukraine, selon le Wall Street Journal.

Il existe aussi une puissance asiatique qui, elle, assume pleinement continuer d’acheter des produits énergétiques russes. La plus grande démocratie du monde: l’Inde. Elle a même augmenté ses importations de pétrole russe. Par exemple, depuis le 24 février, jour de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les raffineries indiennes ont acheté près de 40 millions de barils de pétrole brut russe. New Delhi a souligné la nécessité d’un cessez-le-feu en Ukraine, mais n’a pas encore condamné les actions du régime de Poutine en Ukraine.

La Chine, pour sa part, aurait dit non merci au pétrole russe.

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