Précipitée par la pandémie de coronavirus, la Grande Démission voit, depuis de nombreux mois, des millions de personnes lâcher leur poste. Si le Covid-19 semble maintenant derrière nous, cette tendance va, elle, se poursuivre. C’est en tout cas ce qui ressort d’une enquête menée par PwC.
Indéniablement, la Grande Démission est plus marquée aux États-Unis. 38 millions d’Américains ont quitté leur emploi en 2021. Un phénomène qui se poursuit cette année, avec respectivement 4,5 et 4 millions de démissions présentées en mars et avril derniers. Une tendance similaire – mais dans des proportions bien moins importantes – s’observe dans d’autres pays. C’est notamment le cas au Royaume-Uni, en France ou encore en Inde. En revanche, pas de cela chez nous pour l’instant.
Cette semaine, PwC a publié les résultats d’une enquête mondiale sur le sujet. Elle a impliqué 52.000 travailleurs issus de 44 pays. Première conclusion: la Grande Démission est bien partie pour durer.
Les hommes qualifiés, gros demandeurs d’augmentation
D’après l’enquête, une personne sur cinq est susceptible de changer d’emploi au cours des douze prochains mois. Et plus d’une sur trois envisage de demander une augmentation à son patron. Cela est particulièrement vrai dans les secteurs où les personnes estiment que leurs compétences sont rares. C’est-à-dire dans les soins de santé, la technologie, les médias et les télécommunications.
« Les employés qualifiés sont plus susceptibles de demander des promotions et des augmentations de salaire et de se sentir écoutés par leur manager, tandis que ceux qui manquent de compétences manquent de pouvoir sur le lieu de travail », note PwC.
Autre élément notable qui ressort de l’enquête: les femmes moins qualifiées ont 7 points de pourcentage en moins que les hommes lorsqu’on leur a demandé si elles avaient l’intention de demander une augmentation de salaire prochainement.
L’épanouissement compte aussi
Si le salaire joue un grand rôle dans la perception qu’ont les travailleurs de leur emploi, l’épanouissement est presque aussi important. Ainsi, 71% des répondants ont déclaré qu’une augmentation de salaire les inciterait à changer d’emploi… tandis que 69% ont dit qu’un meilleur épanouissement au travail les y pousserait également.
« La récompense [du travail] doit être définie de manière nouvelle et différente », souligne Bob Moritz, président mondial de PwC, cité par CNBC. Les employés « recherchent des changements dans ce travail, en particulier lorsque l’on pense à la façon dont l’automatisation peut contribuer à réduire la monotonie et certaines des tâches routinières qu’ils accomplissent. Ils veulent aussi s’assurer que (…) le travail a un sens non seulement pour la stratégie d’une organisation, mais aussi pour la finalité de cette organisation. »
Alléger la charge de travail en déléguant certaines tâches à des robots, c’est une chose. Mais encore faut-il placer le curseur au bon endroit. Car les travailleurs de la génération Z (18-25 ans) sont deux fois plus susceptibles que les baby-boomers (58-76 ans) de craindre que la technologie ne remplace leur rôle dans les trois prochaines années.
« Cela signifie qu’il faut investir à la fois dans la transformation numérique et dans les compétences (…) en mettant l’accent sur le renforcement des capacités des employés qualifiés, en offrant des voies d’accès à ceux qui manquent de compétences et une automatisation qui libère les gens pour faire ce que seuls les gens peuvent faire », estime Carol Stubbings, responsable à l’échelle mondiale des services fiscaux et juridiques de PwC.
Pouvoir être soi-même au travail, un atout indéniable
L’épanouissement au travail implique donc de trouver du sens à ce qu’on fait et de ne pas être soumis à des tâches rébarbatives. Mais il implique également l’ambiance qui règne sur place. Ainsi, 66% des personnes interrogées ont indiqué que pouvoir être vraiment elles-mêmes au travail était un facteur important.
« Le rôle des employeurs n’est pas de dire aux travailleurs ce qu’ils doivent penser, mais de leur donner une voix, un choix et un environnement sûr pour partager leurs sentiments, écouter et apprendre comment ces questions ont un impact sur leurs collègues », note Bhushan Sethi, codirecteur des services mondiaux de PwC en matière de personnel et d’organisation.