La fin de la pollution sonore? Ce matériau peut rendre un avion aussi silencieux qu’un sèche-cheveux

Des scientifiques ont mis au point un nouveau matériau qui réduit considérablement le bruit des moteurs d’avion, tout en améliorant le confort des passagers. C’est ce qu’on appelle une situation gagnant-gagnant.

Pourquoi est-ce important ?

Même si le bruit engendré par les moteurs à réaction a diminué au cours des dernières décennies, les avions sont toujours à l'origine de nuisances sonores importantes en de nombreux endroits. Ces moteurs peuvent produire un bruit allant jusqu'à 120 décibels, aussi fort qu'une sirène de police. Dans notre pays, la Région de Bruxelles-Capitale, par exemple, n'échappe pas aux nuisances sonores provoquées par le survol des avions en raison de la localisation de l'aéroport de Zaventem.

Des chercheurs de l’université de Bath, en Angleterre, auraient toutefois trouvé une nouvelle solution. Ils affirment être parvenus à créer l’isolation acoustique la plus légère jamais réalisée. L’aérogel d’oxyde de graphène et d’alcool polyvinylique ne pèse que 2,1 kilogrammes par mètre cube et pourrait donc être utilisé pour rendre les avions jusqu’à 16 décibels plus silencieux. Cela peut sembler peu de chose, mais c’est pourtant énorme. À titre d’exemple, si un bruit de 60 décibels double en intensité, ce nombre passe à 63 décibels. Équipé de ce matériau isolant, un moteur d’avion qui produit 105 décibels au décollage deviendrait aussi silencieux qu’un sèche-cheveux.

La structure meringuée de l’aérogel rend le matériau extrêmement léger, ce qui augmenterait à peine le poids d’un avion. L’équipe de recherche, qui a publié ses résultats dans la revue Nature Scientific Reports, poursuit actuellement l’optimisation du matériau pour améliorer la dissipation de la chaleur. Cela devrait améliorer la sécurité et rendre les avions plus économes en énergie.

De nombreux domaines

« Il s’agit manifestement d’un matériau très intéressant qui pourrait être appliqué de plusieurs façons, dans un premier temps dans l’aérospatiale, mais potentiellement dans de nombreux autres domaines, tels que l’automobile et le transport maritime, mais aussi dans le secteur de la construction », affirme le professeur Michele Meo (université de Bath), qui dirige les recherches.

« Nous avons réussi à produire une densité aussi faible en utilisant une combinaison liquide d’oxyde de graphène et d’un polymère, et qui est formée avec des bulles d’air fouettées et lyophilisées », explique encore le professeur Meo. « La technique peut être comparée au fait de battre des blancs d’œufs en neige pour faire des meringues – c’est solide mais contient beaucoup d’air. Par conséquent, il n’y a pas de perte de poids ou d’efficacité pour obtenir de grandes améliorations en termes de confort et de bruit. »

L’équipe souhaite désormais tester son matériau dans des applications réelles, en collaboration avec des entreprises de l’industrie aérospatiale. Selon les chercheurs, l’aérogel peut également être utilisé pour fabriquer des panneaux qui rendraient les hélicoptères et les moteurs de voiture plus silencieux. Ils s’attendent à ce que leur invention puisse être utilisée dans les dix-huit mois.

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