« La Fed est la banque centrale du monde » : ses décisions vont bien au-delà des États-Unis

C’est la panique à Wall Street : la Fed pourrait, ce mercredi, augmenter le taux d’intérêt plus fortement que ce qui était attendu jusque maintenant. A échelle mondiale, cela pourrait être une condition favorable (de plus) pour la récession.

L’estimation d’une hausse de 0,5 point de pourcent du taux d’intérêt de la part de la Fed, pour juin et pour juillet, était ce à quoi le marché boursier s’attendait depuis plusieurs semaines. Mais avec les chiffres de l’inflation qui s’envolent à 8,6% pour l’économie américaine, plus hauts que ce qui était attendu, les marchés s’attendent en ce début de semaine à une hausse de 0,75, voire d’un point de pour cent, pour les annonces de la Fed de ce mercredi soir. Et c’est là panique à Wall Street, mais aussi ailleurs dans le monde.

Récession mondiale?

C’est que les pays du monde entier sont en quelque sorte liés à la Fed, notamment via des prêts contactés aux Etats-Unis (ce qui est le cas pour de nombreux pays). Lorsque l’institution augmente ses taux, ces prêts deviennent plus chers à rembourser. Le dollars y gagne également en puissance, et des produits achetés en dollars deviennent également plus chers pours les autres pays. Selon des experts, une hausse trop agressive des taux pourrait alors provoquer une récession mondiale (comme prêter de l’argent devient plus cher, l’investissement est freiné, et l’activité économique aussi, ce qui peut à son tour freiner la croissance).

« L’impression de l’inflation américaine de vendredi a eu un impact sur les marchés mondiaux, et cela semble approprié étant donné que la Fed, dans une certaine mesure, est la banque centrale du monde, et pourrait certainement contribuer à provoquer une récession mondiale », analyse Hooper, stratège des marchés mondiaux chez Invesco, citée par CNBC.

Dès l’annonce du fort taux d’inflation vendredi, des ventes massives ont eu lieu sur les marchés boursiers partout sur la planète, motivées par les mêmes craintes d’une hausse agressive de la Fed. Les politiques monétaires américaines ont donc un effet de ricochet sur d’autre économies, même avant qu’elles ne soient officiellement annoncées. L’annonce de la hausse de 0,5 point de pour cent, début mai, avait elle aussi causé du tort à de nombreuses bourses à travers le monde.

Encore possible d’éviter la récession?

En résumé, la mission de la Fed est de réduire l’inflation, tout en évitant de causer une récession. L’exercice est délicat cependant, les hausses des taux d’intérêt n’étant pas un outil d’une « précision chirurgicale », rappelle Hooper. La stratège s’attend tout de même à ce que l’économie des Etats-Unis soit en mesure d’éviter la récession, même si un ralentissement aura bien lieu. Pour elle, la Fed réussira cet « atterrissage en douceur » si elle adopte des politiques de resserrement assez fortes, mais qui seraient en même temps adaptées aux données comme entre autres l’inflation, la consommation et le chômage.

Si les Etats-Unis peuvent passer, tant bien que mal, entre les gouttes d’eau, d’autres pays sont plus sérieusement exposés aux risques de récession. En Europe par exemple, les différentes économies sont plus vulnérables à la guerre et à ses conséquences. L’impact des prix de l’énergie est par exemple plus fortement senti qu’aux Etats-Unis. D’autres économies, notamment celles en voie de développement, sont aussi plus exposées à l’explosion des prix des denrées alimentaires. Pour ces différentes économies, la donne « hausse des taux d’intérêt de la Fed », tout comme des hausses de la part de leurs propres banques centrales, vient donc s’ajouter à d’autres vents contraires auxquels la croissance doit déjà faire face.

Pour mémoire, une récession a lieu quand le PIB est en recul pendant deux trimestres consécutifs. Une récession mondiale a donc lieu lorsque le PIB cumulé de tous les pays du monde est en recul.

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