Pour Wall Street, ça ne fait plus de doute: la Fed va sortir l’artillerie lourde pour lutter contre l’inflation

Ce qui n’était qu’une rumeur est devenu une quasi-certitude pour les marchés. La banque centrale américaine s’apprête à resserrer sa politique monétaire plus durement que prévu.

Après Barclays et Jefferies, c’est au tour de Goldman Sachs d’annoncer une augmentation des taux de 75 points de base, au lieu de 50 points. Le rapport de l’inflation pour le mois de mai a tout changé. L’inflation a décollé à 8,6% plutôt que 8,3%.

En mai dernier, Jerome Powell, le président de la Fed, avait déjà augmenté les taux de 50 points, ce qui n’avait plus été fait depuis l’année 2000. Il avait annoncé qu’il réitèrerait l’exercice jusqu’à ce que l’inflation revienne sous contrôle. À ce moment-là, la Fed reprendrait ses hausses habituelles d’un quart de point, avait-il promis.

On n’en prend pas du tout le chemin. Selon des rumeurs internes à l’institution, partagées par le Wall Street Journal, la Fed s’apprête bien à augmenter les taux de 75 points de base, une première depuis 1994. C’est aussi le sentiment de l’ancien président de la banque fédérale de New York, Bill Dudley: « Définitivement, nous allons voir 75 points de base après cette réunion », a-t-il déclaré à CNN Business.

Tout a basculé en une semaine

Et les traders ont aussi compris le message: alors que 40% des investisseurs s’attendaient à une hausse de 0,75% après le crash de lundi, ils sont désormais 95%. Il y a à peine une semaine, seuls 3% des investisseurs s’attendaient à une hausse de trois quarts de points.

« La grande surprise maintenant serait qu’ils reviennent à 50 points de base », poursuit M. Dudley.

90% des investisseurs sont aussi pessimistes pour les annonces qui interviendront au mois de juillet.

Soft landing

Reste que la Fed marche sur des œufs, et Goldman Sachs l’a rappelé. Une politique monétaire trop stricte pourrait affecter l’économie américaine jusqu’à la récession, à l’opposé d’un « soft landing » (atterrissage en douceur). Il est donc impératif qu’elle arrive à juguler l’inflation avant de faire trop de dommages à l’économie américaine. La pression deviendrait alors beaucoup trop forte avec des risques pour les marchés et une hausse du chômage.

C’est d’ailleurs ce point de basculement que le plus grand gestionnaire d’actifs au monde surveille de près. BlackRock le jugera comme un signal pour recommencer à investir agressivement sur les marchés.

La Fed est parvenue trois fois à refroidir l’économie et l’inflation sans entrainer l’économie américaine dans une spirale de ralentissement: en 1965, 1984, et sa grande référence, 1994. Mais beaucoup d’analystes dont M. Dudley jugent que la Fed a agi trop tard pour qu’un tel atterrissage en douceur se produise.

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