Après les premières mesures de déconfinement, la question n’est pas de savoir s’il y aura une deuxième vague, mais quand elle aura lieu. Selon l’OMS, la véritable deuxième vague pourrait arriver seulement en hiver.
La Belgique comme la France n’a commencé son vrai déconfinement que le 11 mai. Ce lundi 18, c’est le retour dans les écoles qui s’opère. Mais pour les deux pays, il est encore trop tôt pour déterminer l’impact de ces mesures sur le taux de contagion. Il faut deux semaines, au minimum, pour se faire une idée de la situation. Pour l’heure, les chiffres vont dans le bon sens, comme l’atteste ce lundi le rapport de Sciensano pour la Belgique.
Ailleurs en Asie, et dans une partie de l’Europe (Allemagne, Danemark…), le déconfinement a eu lieu plus tôt. Aucune deuxième vague significative n’a été enregistrée pour le moment. Le Japon et la Chine ont fait face à une résurgence des cas. Et par endroit, les autorités ont ajusté leurs politiques de déconfinement, avec l’une ou l’autre marches arrière. Mais aucun plan global de reconfinement n’a été décidé.
‘Aucun pays à ma connaissance n’a vraiment vécu un redémarrage profond de l’épidémie. Mais il faut se méfier’, a déclaré à France Info Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique français. Au Danemark, le taux de reproduction (R0), est même reparti à la baisse, de 1 à 0,7 entre avril et la première semaine de mai. Alors que les enfants ont fait leur retour à l’école le 15 avril déjà, et que les bars et restaurants sont entretemps rouverts.
Se méfier, c’est ce que font les hôpitaux dans l’Hexagone et ici en Belgique: ils se préparent. Le personnel des soins de santé tente de récupérer après des semaines de travail intensif, avant de replonger dans la bataille pour une deuxième vague ‘inévitable’, selon Yves Smeets, directeur général de la fédération patronale Santhea (institutions de soins de santé wallonnes et bruxelloises).
Pour Philippe Devos, médecin en soins intensifs au CHU de Liège et président de l’Absym (syndicats médicaux), interrogé par La Libre, la volonté du personnel sera encore mise à rude épreuve: ‘Après avoir couru un sprint, on nous demande de faire un marathon. Forcément, nous ne sommes plus très frais. Les hôpitaux se sont faits à l’idée qu’ils vont être malmenés par ce déconfinement. Mais je préviens, cela va être comme un feu de broussaille: une fois que le feu aura pris trop fort, toutes les mesures que l’on prendra pour l’éteindre seront prises trop tard…’. Philippe Devos fait référence aux fameux 15 jours nécessaires pour évaluer les politiques de déconfinement.
Une vague plus terrible que la première ?
Mais cette deuxième vague, arrivera-t-elle d’ici une ou deux semaines chez nous ou plus tard ? Pour le Belge Hans Kluge, responsable européen de l’OMS, il faudra sans doute attendre l’hiver prochain pour voir cette fameuse deuxième vague mortelle rejaillir. Dans un entretien au Telegraph, l’expert s’est dit néanmoins ‘très inquiet’. Il demande aux pays européens de se préparer dès maintenant, pour faire face à la vague plus tard, et ne plus subir cette situation d’urgence, faite de pas mal de couacs (tests et masques principalement), que l’on a connue en février-mars dernier. ‘Singapour et le Japon ont compris que ce n’était pas l’heure de la célébration, mais le moment de se préparer’, a-t-il ajouté.
Ce que le directeur de l’OMS craint particulièrement, c’est que la résurgence du Covid-19 coïncide avec d’autres épidémies saisonnières. Il évoque la grippe classique, ce qui pourrait faire de cette deuxième vague, une vague encore ‘plus terrible’.
Peu de chance que l’épidémie disparaisse après l’été, reconnait de son côté Arnaud Fontanet: ‘Il n’y aucun argument rationnel pour dire que le virus ne reviendra pas après l’été, car seulement 5% de la population en France est immunisée et que le virus va continuer de circuler ailleurs si ce n’est pas en France. On peut s’attendre à une deuxième vague et c’est ce qu’on a vu sur toutes les pandémies grippales sur le siècle dernier.’
D’où l’importance de se préparer. À cet égard, Hans Kluge a mis en évidence les politiques prises par les pays scandinaves: ‘C’est ce que les pays nordiques font: ils n’excluent pas une seconde vague, mais ils espèrent qu’elle sera localisée et qu’ils pourront rapidement rebondir.’
Les experts planchent en effet sur des secondes vagues isolées. Pour que l’on puisse les traiter spécifiquement, en établissant des tests, en isolant les cas problématiques et en brisant les chaînes de contagion (clusters) . L’objectif est simple: ne pas revenir à un confinement généralisé qui aurait des effets délétères pour l’économie et le moral des gens.
En attendant, certains hôpitaux doivent faire face dès maintenant à de nouvelles arrivées de patients. Mais cette vague ne concerne pas des cas de covid-19, mais de patients souffrant d’autres maladies qu’ils n’ont pas pu ou pas voulu faire traiter.