Avec la guerre en Ukraine, les services des lanceurs de satellites russes pourraient venir à manquer pour les entreprises américaines et occidentales. A court terme, aucune solution directe ne semble exister pour les remplacer. La demande est cependant un plein essor.
L’envoi de satellites dans l’espace est en plein boom aux États-Unis, mais le secteur a besoin de fusées, et certains de ces lanceurs sont russes. Suite à la guerre en Ukraine et aux sanctions qui pleuvent sur la Russie et son économie, il est probable que les entreprises de satellites doivent arrêter de travailler avec des acteurs russes. La question suivante se pose alors : vers qui se tourner pour les remplacer ?
Elon Musk, avec son entreprise SpaceX, est notamment mi en avant, tout comme les entreprises Astra Space et Rocket Lab, mais est-ce que ce sera assez pour remplacer les lanceurs russes? Des représentants du secteur ont des doutes sur la capacité de ces entreprises à suivre la demande, rapporte Reuters. SpaceX par exemple est déjà fortement occupé pour les missions de la NASA et pour envoyer ses propres satellites en orbite.
Le demande explose
C’est que la demande est forte, notamment pour Amazon qui veut instaurer son propre service d’internet par satellite, à l’image du réseau Starlink de SpaceX. Cette année seulement, plus de 800 lancements d’engins de moins de 100 kg sont prévus, selon les chiffres de Precious Payload, qui suit les données du secteur. Par rapport à 2021, c’est quasiment le double.
Lors des années à venir, la demande devrait continuer à exploser, et mener à des retards dans les lancements. « En 2024 ou 2025, lorsque toutes ces méga-constellations (de satellites pour la télécommunication, NDLR) auront besoin d’un lancement, il y aura un vrai problème », explique le CEO de Rocket Lab Peter Beck à Reuters. Cette société construit des systèmes de propulsion de petite taille, qui servent à envoyer les satellites en orbite basse.
Comment remplacer les lanceurs russes?
Au cours des cinq dernières années, les lanceurs russes ont été responsables d’environ 16% des envois en orbite. Mais dans les faits, la part de marché russe est encore plus grande : les lancements des fusées de Soyouz étaient repris sous une coentreprise franco-russe appelée Starsem (dissoute depuis). Deux-tiers des lancements de Soyouz étaient d’ordre commercial ou se dirigeaient vers l’ISS.
La part de marché à remplacer est donc importante, mais quelques pistes sont déjà envisagées. Les entreprises se tournent de plus en plus vers les sociétés américaines : United Launch Alliance, une coentreprise entre Boeing et Lockheed Martin, a arrêté d’utiliser de moteurs russes pour ses avions, et se tourne vers Blue Origin.
La nouvelle fusée de SpaceX, Starship, qui devra être produite en masse plus rapidement que prévu, semble également être une solution ; à condition que Musk veuille coopérer avec les autres entreprises. « À plus long terme, les contraintes de lancement peuvent être allégées par Starship. Starship pourrait écraser les prix sur le marché commercial si Elon le veut, mais je prédis qu’il se concentre beaucoup plus sur l’envoi d’humains sur Mars« , explique Edison Yu, analyste à la Deutsche Bank.
La fusée de Musk attend aujourd’hui encore ses premiers vols de test. A court terme, les producteurs et exploitants de satellites devraient donc bel et bien s’attendre à un embouteillage.