La Commission valide la création d’un géant du rail qui doit concurrencer le N°1 chinois

La Commission européenne a autorisé ce vendredi, sous conditions, le rachat par Alstom de la branche transports du canadien Bombardier, qui donnera naissance à un géant du rail, un an et demi après le mariage avorté du groupe français avec Siemens.

Le nouvel ensemble emploie (avant les cessions concédées pour satisfaire Bruxelles) environ 76.000 salariés pour un chiffre d’affaires de 15,5 milliards d’euros. Il a l’objectif de concurrencer le chinois CRRC, numéro un mondial du secteur.

‘Grâce à l’ensemble complet de mesures correctives proposé pour résoudre les problèmes de concurrence dans les secteurs des trains à très grande vitesse, des trains de grande ligne et de la signalisation grandes lignes, l’opération a pu être examinée et autorisée rapidement par la Commission’, s’est félicitée la vice-présidente de l’exécutif européen, Margrethe Vestager, citée dans un communiqué.

‘Le dialogue avec Bruxelles a été extrêmement fluide’

Le patron d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, avait assuré dans la matinée attendre ‘avec confiance’ la décision de la Commission. ‘Le dialogue avec Bruxelles a été extrêmement fluide, extrêmement rapide puisque nous avons annoncé la transaction avec Bombardier au mois de février, donc cinq mois après nous avons la décision’, avait-il souligné.

‘Je crois qu’il y a un dialogue de confiance qui a pu se nouer. Est-ce que c’est la conséquence des difficultés du précédent dossier (avec Siemens, ndlr) ou pas? Je n’en sais rien’, avait-il ajouté.

Afin de laisser de la place à ses rivaux, Alstom a proposé plusieurs engagements à la Commission européenne, gardienne de la concurrence en Europe, notamment la cession de son site de production de Reichshoffen, situé en Alsace, qui emploie 780 salariés.

Si elle avait craint un impact néfaste du projet pour la concurrence, la Commission aurait pu lancer une enquête plus approfondie, qui aurait duré environ quatre mois, avant de se prononcer définitivement.

Concurrence chinoise

Alstom avait notifié mi-juin à Bruxelles le projet de rachat de son concurrent Bombardier Transport pour 6 milliards d’euros, une opération qui doit être finalisée au premier semestre 2021.

Les deux groupes disposent d’un quasi-monopole sur le matériel roulant en France, où ils collaborent régulièrement comme sur le métro et le RER de Paris.

La menace de la concurrence chinoise avait déjà été évoquée pour justifier la reprise d’Alstom par Siemens, une opération qui avait été bloquée en février 2019 par la Commission.

Bruxelles craignait une position trop dominante en Europe dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.

Les chevauchements d’activité d’Alstom avec Bombardier étaient, de fait, beaucoup moins grands qu’avec le groupe allemand, ce qui a facilité l’approbation de l’opération.

Basé à Berlin, Bombardier Transport a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 8,3 milliards de dollars américains (7 milliards d’euros), terminant l’année avec un carnet de commandes de 35,8 milliards de dollars (30,1 milliards d’euros).

De son côté, Alstom exploite de nombreux sites plus petits. Le constructeur a bouclé son exercice 2019-20 (clos fin mars) avec un chiffre d’affaires en légère progression, à 8,2 milliards d’euros. Son carnet de commandes culmine à 40,9 milliards d’euros

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