La méga-fusion Siemens-Alstom permettra à l’Europe de concurrencer la Chine

L’Europe est sur le point de créer une méga-entreprise dans la production de matériel roulant ferroviaire. La fusion entre le constructeur de train à grande vitesse Alstom et la division ferroviaire du conglomérat allemand Siemens a été décidée. Siemens-Alstom, la société fusionnée, sera ainsi en concurrence avec la Chinoise CRRC. Siemens était déjà en négociation avec le canadien Bombardier, mais ces pourparlers n’avaient pas abouti. Le groupe allemand va acquérir 50 % des actions de la société fusionnée Siemens-Alstom. Le siège de l’entreprise sera fixé à Saint-Ouen, près de Paris. Les Allemands obtiendront 6 des 11 sièges du conseil d’administration. La gestion quotidienne sera confiée à Henri Poupart-Lafarge, l’actuel PDG d’Alstom. Fin 2015, la division énergétique d’Alstom avait été acquise par General Electric, et de ce fait, la division ferroviaire était la seule activité qui était restée française.

Le leader mondial est le Chinois CRRC

En 2015, les 2 plus grosses entreprises de production de rames ferroviaires chinoises avaient fusionné pour former la China Railway Rolling Stock Corporation, ou CRRC. Cela avait permis aux Chinois de réaliser d’énormes économies d’échelle. CRRC investit jusqu’à 7 fois plus en recherche-développement qu’Alstom et fabrique des trains à grande vitesse qui coûtent entre 33 % et 50 % de moins que les rames produites en Allemagne.Les Chinois sont les leaders incontestés du marché, avec un chiffre d’affaires global de 28,6 milliards d’euros, et 180 000 employés. La majeure partie du chiffre d’affaires est générée en Chine. Ces dernières années, la Chine a en effet considérablement étendu son réseau ferroviaire à grande vitesse. Celui-ci couvre désormais une distance de plus de 20 000 km. De ce fait, la Chine dispose du plus grand réseau ferroviaire pour les trains à grande vitesse du monde. L’année dernière, la société a lancé une enquête sur la faisabilité des trains Maglev (notre photo), qui peuvent atteindre une vitesse de 600 km/h.CRRC a également réussi à remporter d’importants contrats en Occident au cours de ces dernières années, notamment à Boston, Philadelphie et Los Angeles, mais aussi à Montréal et en République tchèque.

Siemens-Alstom

La nouvelle combinaison Siemens-Alstom aura une valeur estimée de 15 milliards d’euros, et comptera un effectif de 60 000 employés. Bombardier suit à distance, avec un chiffre d’affaires de 7,5 milliards. Dans le cadre de l’accord de fusion, l’emploi ne sera pas affecté au cours des 4 premières années.Cette fusion franco-allemande d’Alsthom et de Siemens permettra de regrouper les divisions de recherche-développement et de réduire également d’autres coûts afin de concurrencer efficacement CRRC.La société issue de la fusion se concentrera principalement sur les économies émergentes qui ont de grands projets en préparation.Les analystes disent que les Français sont particulièrement talentueux dans le domaine de la croissance et de la création de valeur grâce aux synergies. De son côté, grâce à la fusion, Siemens pourra améliorer son avantage concurrentiel.