Depuis la progressive reprise économique post-Covid, la chaîne d’approvisionnement mondiale a été soumise à de multiples turbulences. Petit à petit, ceux-ci semblent disparaître: le secteur connaît une nette embellie. Mais il ne faut pas crier victoire trop vite.
Confinements et fermeture d’entreprises, manque d’investissements suite aux dégâts du Covid, navire bloqué dans le canal de Suez, guerre en Ukraine: depuis le début de l’année dernière et le progressif retour à la normale post-pandémie, la chaîne d’approvisionnement mondiale a (beaucoup) souffert. Une « tempête parfaite » qui a entraîné de lourds retards de livraison et une explosion des coûts pour de nombreux produits.
Tous les analystes sont d’accord: ça va mieux
Cet été, après une année et demi de turbulences, on semble enfin voir le bout du tunnel. Dans sa dernière mise à jour de l’indice mondial des problèmes d’approvisionnement, la Réserve fédérale de New-York a indiqué que les tensions sur la chaîne d’approvisionnement mondiale avaient atteint leur point le plus bas depuis janvier 2021.
Cet indice intègre des données sur les coûts d’expédition, les délais de livraison, les arriérés et d’autres statistiques et les compare par rapport aux normes historiques. Bien que son niveau reste bien au-delà de l’ère avant-Covid, il est en baisse de plus de 50% par rapport à décembre.
La Réserve fédérale new-yorkaise n’est pas la seule à faire ce constat. En juillet, l’indice des délais de livraison des fournisseurs établi par S&P Global et JPMorgan a atteint son plus haut niveau depuis novembre 2020. C’est une bonne chose: plus l’indice est élevé, plus cela signifie que les livraisons sont rapides. En outre, la semaine dernière, une étude de l’Institute for Supply Management a également montré que la rapidité des fournisseurs américains s’améliorait.
Aussi, différentes analyses montrent que les embouteillages devant certains ports américains ont nettement diminué, rapporte le Financial Times. De plus, le fret aérien se porte mieux, lui aussi.
« Les marchandises recommencent à arriver là où elles doivent aller »
Quand les pressions sont trop fortes, les entreprises ralentissent – voire stoppent – leur production, ce qui entraîne les prix vers le haut. Une chaîne d’approvisionnement qui se détend, ce sont donc aussi des prix qui devraient tendre à repartir vers le bas
A priori, cette détente de la chaîne devrait se poursuivre, en tout cas sur le court terme, estiment la plupart des analystes. Ceux de Morgan Stanley, par exemple, « s’attendent à ce que la tendance à la baisse se poursuive et que les prix à l’importation diminuent dans le reste du monde, en particulier aux États-Unis », ont-ils récemment indiqué dans une note.
« Maintenant, nous commençons à voir à nouveau que les marchandises peuvent arriver là où elles doivent aller. Et que le système du commerce international est dynamique et peut se rétablir », a confirmé Joanna Konings, économiste principale chez ING, citée par le Financial Times.
Rien ne dit que ça va durer
Si l’optimisme est plutôt de rigueur, il doit toutefois être tempéré. Ainsi, si les problèmes sur la chaîne d’approvisionnement mondiale ont été un moteur de la flambée des prix, cette inflation pourrait en réalité être elle-même à l’origine (en partie, du moins) de l’accalmie. En effet, celle-ci a réduit le pouvoir d’achat. La demande ayant baissé, les commandes peuvent être honorées dans des délais plus acceptables. La chaîne d’approvisionnement pourra-t-elle suivre la cadence lorsque la demande reprendra ?
En outre, si certains facteurs ayant causé les gros problèmes ces 18 derniers mois semblent être de l’histoire ancienne, ce n’est pas le cas de tous. Par exemple, la Chine est bien décidée à poursuivre sa politique de zéro-Covid. On est loin d’être à l’abri de nouveaux confinements dans l’une ou l’autre grande ville. En outre, en matière de géopolitique, la situation dans cette partie du monde est explosive, les tensions entre la Chine d’un côté et Taïwan et les États-Unis de l’autre ayant été exacerbées par la visite de Nancy Pelosi sur l’île.
Aussi, si l’inflation a fait baisser la demande et qu’elle a soulagé la chaîne d’approvisionnement mondiale, elle est aussi susceptible de provoquer le courroux de certains travailleurs et de provoquer des grèves massives.
Enfin, les mois précédents Noël arrivent. Et cette période est connue pour être la plus chargée. De quoi considérablement atténuer tout excès d’enthousiasme.