Ce premier signe d’une baisse mondiale de la demande causée par l’inflation: un mal pour un bien ?

L’activité des usines en Europe et en Asie a montré une baisse au cours du mois de juillet. Les restrictions strictes imposées en Chine pour contrer le coronavirus et la demande globale en baisse suite à l’inflation sont les principaux facteurs de cette réduction de la production. Le premier signe d’une récession qui pourrait faire baisser cette même inflation.

Plusieurs pays d’Asie ont partagé leur indice des directeurs d’achats (PMI) pour le mois de juillet et les résultats sont sans appel : l’activité manufacturière de ces pays, soit le PMI, fait écho d’une baisse de la production. Les géants des technologies en Asie du Nord-Est sont particulièrement touchés par cette demande en baisse.

Les explications à cela ne doivent pas être cherchées loin. D’un côté, la politique zéro-covid de la Chine, particulièrement stricte, continue de perturber la production, tout en effrayant les entreprises qui souhaiteraient faire affaire avec des usines chinoises. Elles sont en effet refroidies par la perspective de nouveaux confinements imposés par Pékin, car cela les empêcherait de répondre à la demande de leurs clients.

D’un autre côté, l’inflation généralisée a des répercussions sur la demande mondiale. Face à la flambée des prix, les consommateurs y regardent à deux fois avant d’acheter certains produits. De quoi pousser les entreprises également pressées par la hausse des prix à revoir leurs commandes à la baisse.

À cela s’ajoutent évidemment les perturbations persistantes de la chaine d’approvisionnement. Sans les pièces nécessaires (pénurie, confinement, guerre), la production ne peut se poursuivre normalement.

Tous ces facteurs ont une incidence sur l’activité des usines d’Asie. Pour la première fois en deux ans, les usines sud-coréennes ont vu leur activité chuter, alors que le Japon a connu sa croissance d’activité la plus lente en 10 mois. La Chine, usine du monde, connait également une croissance de son activité ralentie, et ce, malgré un assouplissement des restrictions nationales strictes liées au coronavirus.

Même constat en Europe

L’activité des usines européennes s’est également contractée durant le mois de juillet, selon l’indice final des directeurs d’achat (PMI) manufacturiers de S&P Global. Il est en effet passé de 52,1 en juin à 49,8 en juillet. Il est ainsi passé sous la barre des 50 pour la première fois depuis juin 2020.

Cette contraction de l’activité manufacturière dans la zone euro est liée aux mêmes facteurs que pour l’Asie, mais ici les craintes de voir l’économie tomber en récession pèsent également énormément dans la balance. Or, cette contraction ne fait en réalité qu’accroitre le risque de récession, tel un serpent qui se mange la queue.

« L’industrie manufacturière de la zone euro s’enfonce dans un ralentissement de plus en plus prononcé, ce qui accroît les risques de récession de la région. Les nouvelles commandes chutent déjà à un rythme qui, hors mois de confinement pandémique, est le plus rapide depuis la crise de la dette de 2012, avec une aggravation probable », a déclaré Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global, rapporte Reuters.

Cette baisse du PMI pour la zone euro intervient alors qu’une intervention de la Banque centrale européenne était attendue pour le mois de juillet. Une intervention – une hausse des taux d’intérêt de 0,5% – jugée tardive par beaucoup et insuffisante par certains.

Le début d’un mieux ?

En plus d’une baisse de la demande, les usines asiatiques souffrent elles aussi de l’inflation. Les importations nécessaires à leurs productions, de même que l’énergie, ont vu leurs prix exploser. Elles doivent donc faire face à des coûts de production plus élevés et donc, les faire peser pour la plupart sur leurs clients. De quoi refroidir encore un peu plus ces derniers.

« Cela dit, le taux d’inflation des prix des intrants a diminué pour atteindre un creux de quatre mois, signe provisoire que les pressions sur les prix avaient atteint un sommet, bien que l’inflation des coûts soit restée bien supérieure à la moyenne à long terme », s’est réjoui Usamah Bhatti, économiste chez S&P Global Market Intelligence, comme le rapporte Reuters.

De quoi s’attendre à un mieux ? C’est possible. Certains signes poussent à un certain optimisme. La croissance des prix des intrants a en effet ralenti en Chine, à Taïwan, en Inde et en Corée du Sud.

Tous les pays asiatiques ne sont pourtant pas concernés par cette baisse d’activité. Les usines situées en Indonésie, en Malaisie et en Thaïlande ont d’ailleurs enregistré une accélération de leurs activités, grâce à de nouvelles commandes. L’Inde a connu son rythme le plus rapide de son activité industrielle en 8 mois.