C’est officiel: la BCE augmente le taux d’intérêt de 0,5 % et crée la surprise

La Banque centrale européenne a officialisé la première hausse des taux d’intérêt depuis 11 ans. La hausse est de 50 points de base, le double de que ce qui était pressenti quant à cette décision.

L’inflation affiche 8,6% au mois de juin, pour la zone euro. Dans certains pays, elle dépasse même les 20%. Pour contrer cela, la BCE a décidé d’augmenter les taux d’intérêt. Pour d’aucuns, elle arrive cependant bien en retard. De nombreuses autres banques centrales ont en effet déjà augmenté leurs taux, et cela à plusieurs reprises et avec un saut plus important. Beaucoup ont reproché à la présidente de la BCE, Christine Lagarde, d’avoir tardé à agir, qualifiant pendant longtemps l’inflation de « temporaire ».

Plus que prévu

Le consensus autour de cette hausse était de 0,25 %. Les marchés s’y attendaient, Christine Lagarde elle-même le répétait régulièrement, alors que ceux qui plaidaient pour une hausse d’un demi-point étaient perçus comme des « faucons » (qui sont en faveur d’une politique monétaire plus stricte). Après la dernière réunion, la BCE avait d’ailleurs comme estimation officielle d’augmenter le taux de 0,25 % ce jeudi et d’une possible hausse plus forte en septembre. Mais la BCE a finalement décidé de sortir l’artillerie lourde pour contrer l’inflation.

« Le Conseil des gouverneurs a estimé qu’un premier pas sur la voie de la normalisation des taux d’intérêt plus important qu’indiqué lors de sa réunion précédente était approprié. Cette décision a été prise sur la base de son évaluation actualisée des risques pesant sur l’inflation et du soutien accru que l’IPT (instrument de protection de la transmission, NDLR) apportera en termes de transmission efficace de la politique monétaire. Elle contribuera au retour de l’inflation au niveau de l’objectif à moyen terme du Conseil des gouverneurs en renforçant l’ancrage des anticipations d’inflation et en veillant à un alignement des conditions de la demande permettant la réalisation de son objectif d’inflation à moyen terme », peut-on lire dans le communiqué.

Dès le 27 juillet, « les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront relevés à respectivement 0,50 %, 0,75 % et 0,00 % », explique le communiqué. Les trois principaux taux subissent une hausse de 50 points de base (ou 0,5 %). Elle a été acceptée à l’unanimité lors de la réunion, précise Lagarde lors de la conférence de presse.

Pour les prochaines hausses, rien ne semble encore sûr. La prochaine, prévue en septembre, sera décidée en fonction des données disponibles à ce moment-là.

Euro?

L’euro est actuellement mal en point par rapport à son homologue américain, qui, lui, est renforcé par les hausses des taux, entamées en avril déjà par la Fed. L’euro surfe avec la parité, et la hausse que le marché anticipait (0,25 ppc) de la part de la BCE n’allait pas réussir à inverser les choses. Reste à voir si la hausse finalement plus élevée pourra donner un coup de pouce durable à la monnaie commune. 30 minutes après l’annonce de la hausse des taux, l’euro est remonté à presque 1,03 dollar. Il est cependant retombé aussi vite.

Cours de l’euro/dollar, jeudi 21 juillet. Crédit : Business AM

Prévisions économiques

Durant la conférence de presse, Christine Lagarde, a également fait part de ses prévisions pour l’économie. En résumé, les prix de l’énergie et des aliments vont rester hauts à moyen terme, mais vont se stabiliser et les chaines d’approvisionnement vont se délier. À terme, l’inflation baissera donc vers les niveaux voulus (2%).

Cependant, il y a des risques également, notamment si la Russie coupe tout approvisionnement en énergies fossiles. L’énergie sera alors rationnée, surtout pour les entreprises, et la croissance s’effondrera.

Le marché du travail reste fort, l’économie profite encore d’un effet de relance après la pandémie (ce que montre la volonté des personnes à voyager par exemple), et la demande reste présente car les ménages ont accord de l’argent en réserve. Mais une baisse de la croissance au second semestre semble inévitable, malgré ces tampons.

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