Le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), et le secteur bancaire sont récemment parvenus à un accord sur une prolongation du moratoire sur les crédits pour les entreprises touchées par la crise du coronavirus. ‘Une bonne nouvelle… sur le papier’, estime le député Gilles Vanden Burre (Ecolo-Groen), qui redoute que les banques ne jouent pas le jeu à fond. Il appelle donc à maintenir la pression sur le secteur.
Les entreprises qui éprouvent des difficultés à rembourser leurs crédits pourront dorénavant demander à leur banque un report de paiement jusqu’à la fin du mois de juin.
‘Sur le papier, c’est une bonne nouvelle’, confirme le député Gilles Vanden Burre. ‘Mais nous avions déjà reçu de bonnes nouvelles l’année dernière…’, tempère-t-il. À l’époque, le gouvernement s’était mis d’accord avec les banques sur un ‘bazooka’ de 50 milliards d’euros de garantie de crédits. ‘Mais on constate aujourd’hui que les banques n’ont pratiquement pas utilisé cette garantie d’État, et donc ont refusé beaucoup de crédits.’ Selon un article du Standaard paru cette semaine, seuls deux milliards d’euros ont été utilisés à ce jour, les banques privilégiant les formules de crédit plus chères.
‘Le gouvernement a fait son travail en mettant en place cette garantie d’État. Et il a également fait son travail en négociant une prolongation du moratoire sur les crédits’, souligne Gilles Vanden Burre. ‘La grande difficulté, c’est que l’on voit bien que les banques ne jouent pas le jeu’, regrette-il.
‘Les banques ne prendraient pas plus de risques’
‘Je suis régulièrement en contact avec les fédérations horeca, événementiel, etc.’, poursuit le député écologiste. ‘Elles me disent recevoir des refus systématiques sous le prétexte d’être labélisées secteurs en difficulté. Pourtant, si les banques faisaient appel à la garantie d’État, elles ne prendraient pas plus de risques en prêtant à ces secteurs en difficulté.’ Gilles Vanden Burre rappelle que des conditions ont été mises en place, comme celle d’avoir été en ordre de paiement avant la crise, par exemple. ‘Mais on constate aujourd’hui que des entreprises qui remplissent ces conditions se voient néanmoins refuser des crédits uniquement parce qu’elles sont actives dans un secteur en très grandes difficultés.’
Pour étayer ses dires, Gilles Vanden Burre cite un récent sondage effectué par Sound of Silence, qui représente le secteur de l’événementiel durant la crise du coronavirus, et selon lequel deux tiers des entreprises du secteur n’ont pas obtenu un prolongement du report des paiements et 87% ne parviennent pas à négocier une solution à long terme avec leur banque. ‘Si c’est vrai, c’est contraire aux accords qui ont été pris’, déplore le député.
‘Si rien n’est fait, la pression va encore augmenter’
Pour le député écologiste, les banques doivent comprendre que nous nous trouvons dans une situation tout à fait exceptionnelle et qu’elles doivent adapter leur fonctionnement en conséquence. ‘Nous sommes aujourd’hui dans une situation catastrophique, du jamais vu. Tout le monde s’en rend bien compte et tente de jouer le jeu. On sait ce que l’on demande à bon nombre de secteurs et à beaucoup d’individus également. Les banques doivent aussi jouer ce jeu-là et sortir de leur schéma de rentabilité ou de business traditionnel.’
‘D’autant plus que le secteur bancaire réalise des résultats importants et ne peut pas du tout être considéré comme en crise’, souligne-t-il encore. C’est pourquoi Gilles Vanden Burre appelle à maintenir la pression sur les banques, que celle-ci soit politique ou qu’elle provienne des secteurs en crise. ‘Et si rien n’est fait, cette pression va encore augmenter car la situation devient insupportable pour de nombreux secteur’, prévient -il.
Les trois éléments qui mènent à la précarité ou la faillite
Et le député Ecolo-Groen de conclure sur un exemple concret: ‘Aujourd’hui, vous êtes restaurateur, votre commerce est donc fermé. Vous avez le droit passerelle, qui est une allocation de survie, de plus ou moins 2.600 euros bruts, car il est doublé pour le moment. Si vous avez des employés, il y a le chômage économique. Qu’est-ce qu’il reste comme frais fixes importants? Les emprunts bancaires, les primes d’assurance, et éventuellement le loyer. Ce sont ces trois éléments qui aujourd’hui menacent de faire basculer notre restaurateur dans la précarité ou la faillite. Ce sont les derniers à ne pas être, ou en tout cas pas assez, solutionnés.’