La Banque nationale a identifié les plus grandes victimes de la crise: les entrepreneurs et les petits indépendants

Les gouvernements successifs ont systématiquement augmenté la charge fiscale des PME et des travailleurs indépendants. Tout indépendant qui, comme les multinationales, ne peut s’offrir des coûteuses voies d’évasion fiscale, est aujourd’hui confronté en Belgique à une charge fiscale d’environ 50%: un indépendant paiera des impôts sur environ la moitié de ses revenus, après quoi, son revenu net sera réduit d’autant. En tout cas s’il a sa propre société privée à responsabilité limitée ou son entreprise individuelle.

  • On peut se demander pourquoi les entrepreneurs continuent à prendre de tels risques s’ils déboursent autant de liquidités en cas de crise. Pour répondre à cette question, il suffit de se pencher sur les 30% des victimes les plus touchées par la crise : les entrepreneurs et les travailleurs indépendants qui ont vu leur chiffre d’affaires chuter de façon spectaculaire.
  • En ce sens, les rapports de la Banque nationale, relayés avec enthousiasme par une partie de la presse, sont plus que déplacés. Sept Belges sur dix ‘ne ressentent pas les effets  de la crise’. Avec une consommation en baisse, ils ont donc logiquement épargné. Mais pour une minorité d’entrepreneurs qui ont déjà pris beaucoup plus de risques que le reste de la population, cette épargne n’est qu’une mauvaise fiction.
  • ‘L’impact structurel de la pandémie sur l’économie belge est moins redouté grâce aux mesures prises par le gouvernement’, explique Pierre Wunsch, gouverneur de la Banque nationale. Il estime que ‘la crise a été bien gérée’. Quant à savoir qui va payer pour toutes ces mesures, la Banque nationale n’a fourni aucune réponse. 
  • Les chiffres ne laissent rien présager de bon: en 2020, une baisse de croissance pas moins de 6,7% est à prévoir (un autre scénario budgétaire tablait sur 9%, donc c’est un peu mieux). En revanche, les chiffres de la croissance pour 2021 et 2022 sont inférieurs à ce que la Commission européenne, entre autres, avait prévu: ils restent autour des 3 %.

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  • Pour dire les choses simplement, nous avons tous dépensé beaucoup moins cette année, et ces épargnes cumulées (22 milliards) seront dépensées en 2021, ce qui fera croître l’économie.
  • En termes d’emplois également, les pertes seront moins importantes que prévu: au final, selon la Banque nationale, ‘seuls’ 100.000 emplois devraient être amenés à disparaître. Le gouvernement fédéral a décidé de mettre un grand nombre de personnes au chômage temporaire, ce qui va lui coûter des milliards, mais ce qui signifie aussi que moins de personnes seront au chômage de façon permanente. L’économie belge est actuellement en ‘coma artificiel’. Ce n’est que lorsque la crise sera terminée et que l’on verra ce qu’il adviendra exactement des chômeurs temporaires, que l’on pourra savoir si cela a fonctionné.

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  • Par ailleurs, la Banque nationale est également consciente que le budget déraille encore. La dette s’élève à plus de 120 % du PIB, et le déficit annuel sera de 6 % après la crise, sans aucune mesure. Non durable, et également inapplicable au sein de l’UE. S’imposeront alors plusieurs décisions difficiles à prendre. 
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