Inspiré par la façon dont l’Europe gère la guerre en Ukraine, Thomas Pesquet appelle à une indépendance européenne dans l’espace

S’exprimant depuis le siège de la NASA à Washington, le célèbre astronaute français Thomas Pesquet a plaidé pour une indépendance européenne dans l’espace. D’après lui, les récents développements de l’actualité géopolitique penchent en tout cas de ce côté.

Si l’Agence spatiale européenne (ESA) existe depuis 1975, elle n’envoie toujours pas elle-même ses astronautes dans l’espace. Seuls les États-Unis, la Russie et la Chine en ont les moyens. Et Thomas Pesquet aimerait que cela change.

« Ce sujet prend de l’ampleur en ce moment », a-t-il déclaré depuis le siège de la NASA, à Washington. « Durant la fin des années 80, le début des années 90, nous avions ce but de devenir plus indépendants en termes d’accès à l’espace pour les humains, mais ça n’a pas marché comme prévu, l’Allemagne a dû se réunifier, les budgets ont été redirigés », a-t-il rappelé.

Pour l’astronaute français, il est maintenant opportun de redémarrer ce projet. Soulignant le fait que, selon lui, les membres de l’Europe retrouvent une certaine unité face à l’invasion de l’Ukraine, il estime que les membres de l’ESA devraient capitaliser sur leur influence. « Ces sujets, comme la diplomatie européenne, la défense européenne, reviennent sur la table, et avec cela revient également la question des vols spatiaux habités », a-t-il avancé.

Pas de temps à perdre

Pour Thomas Pesquet, le plus tôt est le mieux. C’est pourquoi il aimerait que le premier vol habité entièrement organisé par l’ESA soit organisé via la fusée Ariane 6, qui fera ses débuts depuis la Guyane française à la fin de l’année.

« Nous devons commencer dès maintenant, car les cycles de développement sont longs. L’idée n’est pas que ça arrive seulement dans 15 ou 20 ans », a-t-il expliqué.

« Elon Musk et SpaceX ne mènent pas la danse »

Lors de cette même intervention, Thomas Pesquet a tenu à clarifier la situation. Depuis quelques années, les firmes privées investissent l’espace à la vitesse de l’éclair, SpaceX en tête. Mais selon lui, la vision que le grand public a du tableau est faussée.

« Il y a cette perception dans la population que le secteur privé, comme Elon Musk ou SpaceX, mène la danse, ce qui n’est pas vrai du tout », a-t-il rectifié, rappelant que l’industrie privée avait toujours été très impliquée dans la conquête spatiale. « Ce que nous avons fait, c’est leur donner davantage d’autonomie, en disant: ‘Nous avons besoin de ce service, vous nous le fournirez à un coût compétitif ».

Les agences spatiales gouvernementales n’auraient donc rien d’obsolète. Prenant l’exemple de la conquête de Mars – l’objectif ultime d’Elon Musk -, l’astronaute français a souligné le fait que « les petits caractères disent que lorsque toutes les agences auront réuni le budget pour aller sur Mars, alors le secteur privé fournira le matériel ».

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