Une hausse des taux historique à la BCE, mais qui pourrait être la seule de ce calibre

La semaine dernière, la BCE a augmenté les taux d’intérêt de 75 points de base, pour une première fois dans son histoire. Mais cela pourrait bien être la hausse de cette envergure, clame un membre du conseil de gouvernance de la Banque centrale européenne. La pression de l’inflation commence à diminuer, observe-t-il.

Après une augmentation historique des taux d’intérêt jeudi dernier, quelle sera la prochaine hausse des taux de la part de la BCE? Une autre de 75 points de base, comme l’a fait son homologue américain? Une plus élevée encore? Ou pourra-t-elle commencer à adopter une position moins ferme?

Pour Edward Scicluna, membre du conseil de gouvernance de la BCE et gouverneur de la Banque centrale de Malte, une autre hausse de 75 points de base serait plutôt improbable.

Soulagement de l’inflation

La raison qui le porte à estimer qu’une telle hausse ne serait pas nécessaire est que les pressions sur, entre autres, l’énergie et la nourriture devraient diminuer. Les prix devraient alors baisser, et avec eux l’inflation devrait chuter, explique-t-il, interrogé par CNBC.

« Nous pensons que la situation générale de l’offre, ou la source de cette inflation, va s’améliorer, peut-être à cause de ce qui se passe aux États-Unis et dans le monde, et que les prix des matières premières et de l’énergie vont donc baisser », indique-t-il.

Le prix du gaz, une des principales raisons de l’inflation (car il fixe les prix de l’énergie en général, à travers lequel les prix de nombreux autres produits augmentent aussi), est en baisse depuis quelques semaines. Il avait atteint un pic de près de 350 euros le mégawattheure fin août, et se négocie aujourd’hui autour de 190 euros. Et cela malgré un arrêt total de Nord Stream. Les prix du pétrole sont également en baisse depuis plusieurs semaines. Les prix des conteneurs sont aussi en chute – un signe que les chaines d’approvisionnement continuent à se délier.

La fin des hausses des taux d’intérêt ne devrait pas voir le jour de sitôt, ajoute-t-il. Néanmoins, il sait aussi que les banques centrales sont limitées dans leur pouvoir de lutter contre l’inflation, car il s’agit d’une inflation provoquée par l’offre et non pas par la demande, comme aux Etats-Unis. Pour ce type d’inflation, les hausses des taux d’intérêt ont un impact moins direct. Voici un argument qui pourrait aussi justifier une hausse des taux moins élevée.

Aides publiques… contreproductives?

D’un autre côté, une nouvelle pression sur l’inflation pourrait voir le jour. Pour Scicluna, les aides publiques que les gouvernements distribuent pour faire face aux hausses du coût de l’énergie pourrait provoquer une nouvelle hausse de l’inflation. Elles creusent en même temps le déficit et la dette publique.

« Nous conseillons en quelque sorte que l’aide que les gouvernements sont maintenant poussés à accorder soit au moins ciblée sur les ménages vulnérables. Ils ne peuvent pas se permettre de protéger tout le monde tout le temps », ajoute-t-il.

La prochaine réunion concernant une hausse des taux aura lieu le 27 octobre.

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