Les GAFA nous ont vendu beaucoup de rêves, mais nous sommes maintenant de retour sur Terre

Mercredi, l’action Apple a débuté la journée de bourse en hausse. La Silicon Valley est soulagée, car au cours de ces derniers mois, les GAFA (Google – Amazon – Facebook – Apple) ont été très malmenés. En quelques mois, ils ont perdu 1 000 milliards de dollars de valeur marchande, dont 40 % rien que pour Apple.

Apple a dû donner un avertissement concernant des ventes décevantes pour la première fois en 10 ans au début du mois de janvier. L’annonce du divorce de Jeff Bezos a également soulevé des questions parmi les investisseurs d’Amazon. Facebook s’excuse maintenant presque tous les jours, parce que l’on a découvert qu’il récupère ou vend des données personnelles de ses utilisateurs quelquepart.

Partout dans le monde, les stratégies d’évitement fiscal utilisées par ces géants de la technologie suscitent des protestations. L’écran de fumée qui traînait autour de ces entreprises pendant des années commence progressivement à se dissiper.

Innovation ? Apple fabrique des téléphones, Google a adapté les Pages Jaunes et Amazon est une société de vente par correspondance

Dans le journal économique français Les Echos, Jean-Marc Vittori écrit que les « GAFA » sont redescendus sur Terre. Et qu’ils sont finalement beaucoup moins novateurs qu’ils le semblaient au premier abord :

Ces géants reprennent au fond des modèles très classiques en leur donnant une tout autre échelle grâce au numérique. Apple est un fabricant de téléphones (même s’il a confié la fabrication à ses sous-traitants, se concentrant sur la conception et la vente). Google a recréé les Pages Jaunes dans le monde numérique. Idem pour Amazon avec la vente par correspondance de La Redoute. Facebook a peut-être le modèle le plus original, toutefois fortement inspiré de celui des médias gratuits. Les Gafa sont à nu. Ce qui ne les empêche pas de raconter de nouvelles histoires, elles aussi anciennes.« 

Les GAFA ont bénéficié de la puissance de la mise en réseau et des économies d’échelle

Bien que ces entreprises soient maintenant exposées dans leur nudité, elles demeurent exceptionnellement puissantes. Selon le lauréat du prix Nobel Jean Tirole, elles le doivent à deux choses :

  • le pouvoir des réseaux (qui veut vendre quelque chose a plus de chances de le faire sur Facebook que dans La Dernière Heure, par exemple).
  • les économies d’échelle rendues possibles par l’autoroute numérique.

Selon Tirole , l’économie numérique conduit donc inévitablement à des monopoles naturels .

Les législations ont 100 ans

Selon ce Français, la réglementation est donc nécessaire dans 4 domaines : le droit du travail, la vie privée, la concurrence et la fiscalité. Dans la plupart des pays, les deux premiers sont sous contrôle. Les tribunaux ont récemment parlé des conditions d’emploi chez Uber et Deliveroo. L’UE a déjà pris une position claire sur la protection de la vie privée avec le RGPD.

Mais il reste encore un long chemin à parcourir sur les plans de la compétitivité et de la fiscalité. Le cadre juridique développé autour de ces questions est centenaire et doit être réinventé. Pendant ce temps, les États tâtonnent. Il existe un accord sur une taxe Google , mais pas sur ce à quoi elle devrait ressembler. La France et l’Espagne suivent leur propre voie. La définition d’un monopole reste également floue

L’écran de fumée autour des GAFA s’est peut-être déjà dissipé, mais ils n’en demeurent pas nécessairement moins puissants.

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