Fuite des cerveaux : comment le Brexit s’avère un très bon deal… pour l’Estonie

Depuis que le Royaume-Uni a pris la décision de quitter l’Union européenne, le pays a déjà perdu la majorité de ses travailleurs étrangers qui prenaient en charge de nombreux services essentiels, son industrie de la viande et les labels locaux correspondants, et toute chance de vivre des relations apaisées avec la France sur les accords de pêche. Et maintenant, voila qu’il perd les talents prometteurs parmi ses propres citoyens.

Les Britanniques sont de plus en plus nombreux à mettre les voiles de leur île isolée pour installer leur business sous de meilleurs cieux. Plusieurs milliers de fondateurs de start-ups et de propriétaires d’entreprises ont décidé de déménager selon le New York Times, parfois physiquement, mais aussi bien souvent en relocalisant tout simplement l’enregistrement de leur firme dans un autre pays. Et sans surprise, ceux-ci choisissent de mettre à nouveau le cap vers le continent européen, et son marché de 400 millions de personnes.

Éden sur la Baltique

Un pays semble particulièrement attirant pour ces entrepreneurs-réfugiés du Brexit : l’Estonie. La petite république de la Baltique est réputée pour son terrain économique très favorable aux nouvelles firmes technologiques, alors que le pays est depuis des années présenté comme le plus connecté au monde. Aujourd’hui, 99% des services publics sont accessibles en ligne constamment, et les seuls actes administratifs qui nécessitent un déplacement sont les mariages, les divorces et les transactions immobilières.

Depuis 2002, chaque citoyen de plus de quinze ans reçoit une carte d’identité numérique qui lui permet d’effectuer un très large éventail de procédures en ligne et d’accéder et gérer facilement ses données personnelles. L’Estonie a par ailleurs créé fin 2014 un statut de « e-resident » permettant aux étrangers de s’installer facilement, afin de renforcer l’attractivité du pays. La résidence électronique ne vous confère pas la citoyenneté, la résidence fiscale ou l’entrée en Estonie ou dans le reste de l’Union européenne, mais elle offre l’avantage d’un taux d’imposition de 20 %, tant pour l’impôt sur le revenu que pour l’impôt sur les sociétés. Et celui-ci n’est prélevé que lorsque les bénéfices sont distribués plutôt que lorsqu’ils sont gagnés, ce qui permet aux entreprises de se développer avec une faible charge fiscale.

Gain fiscal et retournement de situation

Bref, ce pays est un véritable Éden pour les compagnies qui veulent investir massivement dans les nouvelles technologies, et une preuve de plus que l’Europe orientale est devenu une région du monde des plus prospères.

L’Estonie n’est bien sûr pas le seul pays à proposer des conditions aussi européennes qu’avantageuses aux entrepreneurs britanniques, mais c’est sans conteste un premier choix : plus de 4000 firmes qui ont quitté Albion ont opté pour la petite république d’1,3 million d’habitants. Pour laquelle c’est tout bénéfice, car elles contribuent à gonfler les recettes fiscales estoniennes de 60 % par rapport à 2020, selon la Première ministre du pays, Kaja Kallas, qui a estimé le gain fiscal à 51 millions d’euros.

C’est une douce revanche pour le pays, qui a rejoint l’Union européenne en 2004 ; il a d’abord été lui-même victime d’une véritable fuite des cerveaux alors que sa population gagnait la possibilité d’exporter son savoir-faire un peu partout dans le marché commun. Une situation qui s’est maintenant totalement inversée, avec un Brexit qui tourne de plus en plus en défaveur du Royaume-Uni.

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