Dans l’actu : une prévision de l’assureur-crédit Allianz Trade sur les faillites en 2023 et 2024, en Belgique et dans 43 autres pays.

• « La tendance est claire : le nombre de faillites s’accélère », écrivent les économistes dans le rapport consulté par Business AM.

Belgique

• En Belgique, l’augmentation des faillites a été importante en 2022, avec une hausse de 42%, soit 9.265 faillites.
• En 2023, la hausse de faillites devrait se poursuivre, bien que plus lente : 9.850 entreprises devraient mettre la clé sous la porte, soit une hausse de 6%.
  • En janvier, il y a déjà eu 19% de faillites en plus qu’en janvier 2022 (soit 846 faillites), selon un récent rapport d’Altares Dun & Bradstreet.
• Avec ces 9.850 faillites, la Belgique retournerait à son niveau d’avant la pandémie (c’est-à-dire à la moyenne de 2015 à 2019).
  • Pour mémoire, durant la pandémie, le nombre de faillites avait été artificiellement limité, avec des moratoires et des aides publiques.
• Pour 2024, notre pays dépasserait ensuite la moyenne d’avant-covid. Il faudrait s’attendre à une hausse de 3% par rapport à 2023, avec 10.170 faillites.

La poursuite de la hausse du nombre de faillites en 2023 et 2024 s’explique par les prévisions de croissance du PIB relativement faibles, cette croissance étant une condition indispensable à la diminution des faillites (la BNB évalue la croissance du PIB à seulement 0,6 % pour 2023), par la pression continue sur la rentabilité et par le resserrement des conditions de financement à plus long terme.

Johan Geeroms, économiste chez Allianz Trade

Ailleurs en Europe

• Par rapport aux autres pays européens, la Belgique se distingue avec une estimation du nombre de faillites plus basse, pour cette année. En France, elles devraient être en hausse de 41% (après +48% en 2022) et au Royaume-Uni de 16% (après +51%).
• Aux Pays-Bas, c’est l’inverse : après une hausse plus lente en 2022 (+18%), les faillites devraient davantage augmenter cette année, avec une hausse de 52% (puis 8% l’année prochaine). Même avec cette hausse, elles ne seraient cependant pas encore au niveau d’avant la pandémie, à savoir 3.760 faillites.
• Il y a un mois, Allianz estimait que les faillites en Allemagne augmenteraient de 15% cette année (après une hausse de 19,5 en 2022).

Conséquence : mauvaise nouvelle pour les entreprises belges. Elles exportent en effet principalement vers les pays voisins, surtout l’Allemagne. Avec un nombre de faillites qui augmente, elles perdent des clients.

Raisons des faillites : « Les bénéfices sont sous pression, en partie à cause de la hausse des salaires et des coûts énergétiques et financiers supplémentaires. La résilience des entreprises les plus vulnérables est mise à rude épreuve. Cette situation est particulièrement problématique dans les secteurs qui peinent à augmenter leurs prix en raison d’une forte concurrence », note Geeroms.

• Les secteurs en question sont les transports, la construction et encore le commerce de détail. La taille de l’entreprise n’est d’ailleurs pas un bouclier contre la faillite : les entreprises de plus de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires connaissent déjà un plus grand nombre de liquidations et cessations qu’avant la pandémie. Une mauvaise nouvelle pour les plus petites entreprises, qui peuvent disparaître avec elles.

Dans le monde

• Dans le monde, en moyenne, les faillites devraient augmenter de 21%. C’est « lié au ralentissement de la croissance et au resserrement des conditions de crédit », note le rapport. Pour 2024, une nouvelle hausse, de 4% cette fois.
  • « 3 pays sur 5 dépasseront en 2024 leur niveau de faillites pré-covid », peut-on lire.
• La situation varie selon les pays. Les États-Unis devraient connaître une hausse de 49% cette année.
  • En Chine, la hausse serait beaucoup moins prononcée : +4% en 2023 et +5% en 2024. Mais cela dépend des secteurs : l’immobilier par exemple « n’est pas guère en bonne santé », avertit Geeroms.