Durant la crise du coronavirus, la Suède a pris une voie singulière, misant sur l’immunité collective lors de la première vague et ne prenant qu’une poignée de mesures restrictives lors de la deuxième. En 2021, les choses devraient changer. C’est en tout cas le souhait du gouvernement.
Ce lundi, la ministre suédoise de la Santé Lena Hallengren a présenté un projet de loi à la presse. Celui-ci est censé donner au gouvernement de nouveaux pouvoirs en matière de lutte contre la pandémie de Covid-19.
L’idée d’une nouvelle loi avait déjà été avancée en octobre dernier. A ce moment-là, une adoption pour l’été 2021 avait été annoncée. Quelques semaines plus tard, on parlait déjà du mois de mars. Maintenant que la loi est enfin prête, il apparaît qu’elle pourrait entrer en vigueur bien plus tôt, indique Thelocal.se.
Le Parlement se prononcera sur cette loi dans quelques jours. S’il donne son accord, celle-ci sera instaurée dès le 10 janvier. Dans la foulée, les nouvelles mesures sanitaires pourront être mises en place. Face à la violence de la deuxième vague qui touche la Suède, la procédure a donc été fameusement accélérée.
Les magasins en ligne de mire
Via cette nouvelle loi, le gouvernement suédois veut pouvoir limiter le nombre de personnes se trouvant dans les centres commerciaux et magasins. Le cas échéant, il pourra décider de fermer purement et simplement certains commerces. Une situation que nous connaissons bien en Belgique, avec la fermeture des commerces dits ‘non-essentiels’ qui a eu lieu lors des première et deuxième vagues.
Atout supplémentaire dont la nouvelle loi pourrait doter les autorités: la délégation de ces décisions aux autorités locales. Cela permettrait de gérer la crise de façon plus ciblée, les grandes villes suédoises étant autrement plus touchées par le coronavirus que les régions rurales.
‘Certains types de commerces, tels que les centres commerciaux et les grands magasins, où le risque de propagation de l’infection est élevé et où il y a beaucoup de monde’, a donné en exemple le ministre des Affaires Ibrahim Baylan. Si le projet de loi est adopté, le gouvernement se penchera sur l’instauration de règles juridiques contraignantes nécessaires pour que les commerces respectent les mesures.
Amendes et fermeture de l’horeca
D’autre part, en plus des magasins, la nouvelle loi doit pouvoir permettre au gouvernement d’ordonner la fermeture d’autres entreprises (restaurants, salles de sport, transports en commun) si la situation le demande et/ou si les firmes ne respectent pas les règles en vigueur.
En outre, le gouvernement suédois veut pouvoir limiter le nombre de personnes se trouvant dans des parcs et autres endroits publics extérieurs. Les contrevenants seront sanctionnés financièrement, a annoncé la ministre de la Santé.
Soulignons que le gouvernement suédois a déjà émis une nouvelle liste de mesures le 24 décembre dernier. Port du masque obligatoire dans les transports publics, interdiction de la vente d’alcool après 20h, limitation à six du nombre de personnes réunies autour d’une table de restaurant et encouragement du télétravail étaient au programme.
La Suède rentre dans le rang
En somme, tant via les mesures édictées la semaine dernière que par celles qui pourront l’être en janvier – si la loi est adoptée – la Suède se rapproche de plus en plus du modèle établi dans de nombreux pays européens. Seule différence notable: un couvre-feu ne sera pas instauré, car il serait contraire à la constitution suédoise.
En avril dernier, le gouvernement avait déjà tenté de faire passer une loi lui octroyant plus de pouvoirs. Elle avait été tuée dans l’œuf par l’opposition, qui avait réussi à y ajouter un amendement obligeant le gouvernement à soumettre à l’examen du Parlement dans un délai de deux jours toute nouvelle mesure restrictive. Avec sa nouvelle loi, le gouvernement compte se doter d’un délai de deux semaines, ce qui devrait être cette fois suffisant pour pouvoir instaurer les mesures restrictives qu’il désire.
Si la Suède change son fusil d’épaule, c’est parce qu’elle est dos au mur. Fortement touchée par la deuxième vague, elle est depuis plusieurs semaines l’un des pays de l’Union européenne où le taux d’incidence (878 cas pour 100.000 habitants ces 14 derniers jours) est le plus élevé.
La différence vis-à-vis de ses voisins scandinaves est encore plus nette. Autant en matière de cas positifs que de décès. Depuis le début de la pandémie, 8.279 Suédois sont morts du Covid-19. Des chiffres bien plus élevés qu’au Danemark (1204), qu’en Norvège (429) et qu’en Finlande (546), où la population n’est pourtant que deux fois moins élevée.