Dimanche dernier, la France a ordonné la fermeture de ses frontières avec le Royaume-Uni, après qu’une nouvelle souche ‘ultra-contagieuse’ du coronavirus a été découverte dans le sud de l’Angleterre. D’énormes embouteillages se sont formés sur les routes menant à Douvres. En ce jour de Noël, les autorités ont décidé de faire appel à l’armée pour débloquer la situation.
Si la fermeture des frontières n’aura finalement duré que 48 heures, la France demande toujours aux chauffeurs venant du Royaume-Uni de présenter un test négatif au Covid-19 afin de pénétrer sur son territoire. Conséquence: les énormes embouteillages de camions apparus sur les routes aux alentours de Douvres n’ont pas pu se dissoudre.
Les autorités britanniques ont décidé de mettre davantage de ferries à disposition pour aider les routiers à passer la frontière plus rapidement. Mais ce n’est pas tout. Un millier de militaires ont également été dépêchés sur place ces 24 et 25 décembre, comme le rapporte The Independent. Leur mission: fluidifier le trafic et participer à la campagne de dépistage du coronavirus. Pour ce faire, ils ont reçu l’appui de pompiers français.
La plupart des camions ont été aiguillés vers le terrain d’aviation désaffecté de l’aéroport de Manston, à 33 kilomètres de Douvres, où les chauffeurs ont pu être testés. Le ministère britannique des Transports a annoncé ce vendredi que 2.367 des 4.000 routiers englués dans les embouteillages avaient pu été dépistés. Seuls trois ont été testés positifs au Covid-19 et ont donc dû rester en Angleterre.
Outre cette vaste campagne de dépistage, les autorités britanniques ont dû mettre en place un système de livraison de nourriture et de boissons. Plus de 250 toilettes mobiles ont également été installées le long des routes.
‘Je sais que cela a été difficile pour de nombreux chauffeurs, qui sont enfermés dans leur cabine en cette période précieuse de l’année, mais je leur assure que nous faisons tout notre possible pour les ramener chez eux’, a déclaré Grant Shapps, ministre britannique des Transports.
Noël dans leur camion
La situation se débloque petit à petit, mais de nombreux chauffeurs ont passé le réveillon et passent le jour de Noël dans leur camion. Si certains se montrent compréhensifs, d’autres ont fait part de leur énervement à l’agence AFP.
‘C’est impossible. Je n’ai pas les mots pour décrire ce que nous ressentons. Toutes nos familles nous attendent, cela nous brise le cœur’, a confié Pawel, un routier polonais de 24 ans.
Certains chauffeurs ont pu être testés à temps pour pouvoir franchir la frontière le 24 au soir. Mais pour passer Noël en famille, encore fallait-il qu’ils habitent dans l’Ouest de l’Europe. Les rares routiers qui n’ont pas vu leur Noël gâché par les restrictions des autorités françaises étaient donc… français.
D’après Pawel, une grande majorité des chauffeurs bloqués dans le trafic sont en colère contre la France. En guise de ‘représailles’, ils ne s’arrêteront pas dans l’Hexagone. ‘Ni pour manger, ni pour faire le plein, ni pour quoi que ce soit d’autre’, a précisé le chauffeur polonais, avant d’estimer que ‘90% des gens ici ne comptaient pas s’arrêter en France.’