« Elle a choisi son camp » : Biden envisage très sérieusement de revoir sa politique avec l’Arabie saoudite

La semaine dernière, l’OPEP+ a annoncé une production à la baisse de deux millions de barils par jour pour le mois de novembre. De quoi provoquer le courroux immédiat des États-Unis. Après la colère, place aux menaces : Joe Biden veut punir l’Arabie saoudite, considérée comme la principale cheville ouvrière de cette manœuvre.

En vue de faire remonter les prix du pétrole, les pays producteurs de pétrole et leurs alliés ont revu leurs quotas de production à la baisse la se:aine dernière. Dans la foulée, les États-Unis a accusé le cartel de faire le jeu du Kremlin. « Il est clair que l’OPEP+ s’aligne sur la Russie », a notamment dénoncé Karine Jean-Pierre, porte-parole de la Maison Blanche.

Du côté des producteurs de pétrole, on assure que ce n’est pas l’intention. Il s’agit simplement d’une opération « technique et non politique », selon le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei. Une adaptation au marché, non associé à une quelconque volonté de jouer un coup sur l’échiquier géopolitique, en somme.

Même son de cloche à Riyad. « L’idée que l’Arabie saoudite fasse cela pour nuire aux États-Unis ou pour être de quelque manière que ce soit impliquée politiquement n’est absolument pas correcte », a assuré Adel al-Jubeir, le ministre d’État saoudien aux Affaires étrangères.

Des explications insuffisantes pour apaiser le courroux américain. Ce mardi, la Maison Blanche est passée aux menaces, par la voix de Joe Biden lui-même.

Les midterms d’abord

« Je ne vais pas entrer dans ce que j’envisage et ce que j’ai en tête. Mais il y aura des conséquences », a déclaré le président américain à CNN. « Lorsque la Chambre et le Sénat reviendront [après les élections de mi-mandat]… il y aura des conséquences ».

Biden n’a donc pas évoqué la forme que pourrait prendre cette punition. John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité, non plus. Il a simplement indiqué que le président en parlerait avec les chambres une fois les midterms (8 novembre) terminées. « Il sait que de nombreux membres ont exprimé leurs préoccupations, des deux côtés de l’allée », a-t-il commenté. Et effectivement, une partie d’entre eux se sont clairement déjà mouillés.

Plusieurs pistes sur la table

Certains, comme le sénateur démocrate Bob Menendez, ont appelé à un gel des ventes d’armes à Riyad. « Il n’y a tout simplement pas de place pour jouer les deux côtés de ce conflit – soit vous soutenez le reste du monde libre en essayant d’empêcher un criminel de guerre de rayer violemment un pays entier de la carte, soit vous le soutenez. Le Royaume d’Arabie saoudite a choisi la seconde solution dans une terrible décision motivée par son intérêt économique », a dénoncé celui qui est président de la commission des affaires étrangères du Sénat

D’autres privilégient la solution juridique, via le NOPEC (No Oil Producing and Exporting Cartels). Ce projet de loi modifierait la loi antitrust américaine pour révoquer l’immunité souveraine qui a protégé les membres de l’OPEP+ et leurs compagnies pétrolières nationales contre les poursuites judiciaires. De quoi potentiellement exposer les pays de producteurs de pétrole à des poursuites devant un tribunal fédéral pour avoir orchestré des réductions de l’offre qui font augmenter les prix mondiaux du brut.

Alors qu’elle peinait à rallier une majorité d’élus, cette option a gagné en popularité avec la décision prise par l’OPEP+ la semaine dernière. Pour qu’elle soit activée, il faudra toutefois attendre qu’elle soit adoptée par le Sénat et la Chambre des représentants, avant d’être promulguée par le président.

Une troisième piste a également été évoquée. Celle de revoir le rôle sécuritaire des Américains dans la région. « Je ne vois tout simplement pas de bonne raison pour nous de maintenir des troupes qui sont là presque uniquement dans le but de protéger leurs champs pétroliers et leur intérêt sécuritaire », a ainsi déclaré le représentant démocrate Tom Malinowski.

Une chose est certaine : le délitement des bonnes relations entre Washington et Riyad, entamé depuis déjà quelques années, semble en train d’atteindre un nouveau sommet.

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