Près de trois mois après l’abandon des mesures sanitaires, l’économie chinoise traine toujours de la patte. De nombreux observateurs prévoyaient pourtant un démarrage au quart de tour.
Mais où est la fameuse relance chinoise ?

Pourquoi est-ce important ?
Un redémarrage plus lent que prévu de l'économie chinoise est, en partie, une bonne nouvelle pour l'Occident, car il empêche une nouvelle flambée des prix de l'énergie.Dans l’actu : une analyse de la banque Nomura sur le redémarrage de l’économie chinoise.
- En décembre, la Chine a laissé tomber le gros de ses mesures draconiennes de confinement, en place depuis trois ans.
- Certains voyaient l’économie redémarrer en trombe, mais il s’avère qu’elle traine encore un peu de la patte.
Immobilier : pas de relance en vue
Les données : « mitigées. »
- Les prêts aux ménages sont en forte baisse en glissement annuel, en particulier les prêts à moyen ou long terme.
- Les ventes de logements neufs sont en deçà du niveau de l’année dernière. Elles sont principalement en chute dans les villes de taille moyenne.
- Ce sont deux éléments qui peuvent constituer un frein pour l’économie chinoise dans son ensemble. L’immobilier représente entre un quart et un tiers du PIB. Les problèmes du secteur dépassent cependant le contexte de la crise sanitaire.
- Le transport de marchandises est aussi plus bas que l’année passée.
- Quelques données positives tout de même : le trafic routier et la fréquentation des transports publics est au-dessus des niveaux de 2019. Les prêts à destination des entreprises sont aussi en hausse par rapport à il y a un an.
« Ces données mitigées envoient un message clair selon lequel les marchés ne devraient pas être trop optimistes quant à la croissance cette année. Ce modèle a de fortes implications pour différentes classes d’actifs et divers types de matières premières. Un suivi étroit de ces données à haute fréquence est justifié ».
Ting Lu, économiste en chef de Nomura pour la Chine, dans un rapport consulté par CNBC
Production en berne
- Autres données : des signes aussi mitigés du côté de l’inflation.
- L’indice des prix à la consommation a augmenté de 2,1% en janvier (en glissement annuel). Soit un troisième mois à la hausse, après un taux de 1,6% en novembre, et 1,8% en décembre. Voilà un signe d’une légère hausse de la demande intérieure.
- L’indice des prix à la production a quant à lui continué à baisser : après -0,7% en décembre, il affiche -0,8% en janvier (en glissement annuel). Voilà un signe d’une baisse de la demande. De nombreuses entreprises comptent d’ailleurs réduire les effectifs face à la chute des exportations.
Nouvel An lunaire
- La donnée inconnue : les ventes au détail.
- Les données des ventes au détail et des dépenses des consommateurs sont importantes pour se faire une idée de l’état de santé de l’économie chinoise et de la demande intérieure. Fin janvier ont eu lieu les festivités du Nouvel An lunaire, une importante période de dépenses, pour des voyages et des cadeaux par exemple.
- Les données pour le mois de janvier ne seront publiées que plus tard. Certains analystes estiment qu’elles marqueront le point de basculement dans la relance, le moment où l’économie va passer la deuxième.
Bonne nouvelle pour l’Occident ?
Zoom arrière : une bonne nouvelle pour l’inflation chez nous.
- La relance chinoise, craignent de nombreux observateurs, fera à nouveau décoller les prix de l’énergie, notamment du gaz et du pétrole. Résultat : l’inflation repartirait à la hausse chez nous.
- Mais comme la Chine ne semble se réveiller que lentement, cette hausse des tarifs n’a pas encore eu lieu.
- Pour les entreprises occidentales qui exportent vers la Chine, la reprise lente est par contre plutôt une mauvaise nouvelle. Elle tombe au mauvais moment : la croissance reprend du poil de la bête en Europe. Or le regain de confiance des entreprises est en partie basé sur la réouverture de la Chine.