En Chine, la pandémie et la crise de l’immobilier ont laissé des finances publiques en lambeaux et une « dette cachée » : « La tempête parfaite »

Trois années de politique zéro-covid et un krach immobilier ont vidé les caisses des collectivités locales. Une montagne de dettes qui a des conséquences très concrètes : des services publics de base sont défaillants dans plusieurs provinces. Le risque de défaillance du système est réel, selon une enquête menée par CNN.

Les chiffres

  • Les analystes estiment la dette chinoise à quelque 18.000 milliards de dollars en 2022. C’est important, mais cela ne représente « que » 102% du PIB. À titre de comparaison, la dette publique américaine équivaut à 122% du PIB, soit 31.000 milliards de dollars.
  • Ce qui est largement plus problématique, c’est la dette des administrations locales, qui est de 5.200 milliards de dollars, en progression de 15% par rapport à 2021, selon les données publiées dimanche par le ministère des Finances. Pour la première fois, les intérêts de la dette ont dépassé le trillion de yuans, à savoir 148 milliards de dollars.
  • Mais il y a plus : le cabinet de recherche économique Mars Macro estime que les collectivités locales font face à une « une dette cachée » de 9.600 milliards de dollars, contractée via des véhicules financiers qui aident les collectivités à contourner les restrictions en matière d’emprunt. C’est 20% de plus que ce qu’avait calculé Goldman Sachs en 2021.

Les causes

  • Trois années de lutte contre la pandémie ont fait des dégâts. Autant en matière de dépenses que de manque à gagner, suite à une économie qui tournait au ralenti. Il n’y a pas de chiffres nationaux, mais la province de Guangdong, la plus riche du pays, a révélé avoir dépensé 22 milliards de dollars pour lutter contre le Covid depuis 2020.
  • Il y a ensuite la crise immobilière : les prix des logements sont en baisse depuis 16 mois consécutifs. Or la vente de terrains, qui s’est effondrée, représente plus de 40% des recettes des collectivités locales.

Les risques

  • Le risque principal, c’est bien sûr le risque de contamination financière. Un effet boule de neige créé par les défauts de paiements des collectivités locales. Ce sont les banques régionales et les banques commerciales des petites villes et des campagnes qui seront les premières touchées.
  • Pékin a déjà prévenu qu’il ne viendrait pas à la rescousse des collectivités locales. Mais face au besoin désespéré de Xi Jijnping de relancer l’économie du pays, le gouvernement central pourrait autoriser les provinces et les villes à emprunter davantage et à diminuer les restrictions.
  • En attendant, les collectivités réduisent leurs dépenses, les salaires de la fonction publique, les services de transport et les subventions au carburant en plein milieu de l’hiver.
  • « Pékin est confronté à un champ de mines économique de sa propre fabrication », a déclaré Craig Singleton, chargé de mission à la Fondation pour la défense des démocraties à Washington. « Tout compte fait, la crise actuelle de la dette chinoise représente une tempête parfaite ».
  • « La dette locale galopante de la Chine constitue une menace sérieuse pour la santé économique globale du pays et pèsera lourdement sur la reprise chinoise, encore balbutiante », a-t-il ajouté, interrogé par CNN.
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