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L’économie américaine n’est pas en récession, mais serait-ce une si mauvaise chose ?

L’économie américaine n’est pas en récession, mais serait-ce une si mauvaise chose ?
crédit: Getty Images

Le long débat sémantique semble prendre fin. L’économie américaine n’est pas (encore) en récession. Les chiffres le prouvent. Mais serait-ce si préjudiciable ?

Le rapport sur le PIB américain du 28 juillet est d’abord tombé comme un coup de massue. L’économie américaine se contractait pour le 2e trimestre consécutif, signé d’une récession technique. En effet, depuis 1948, chaque période de plusieurs trimestres consécutifs de croissance négative s’est traduite par une récession.

Mais aujourd’hui, il est beaucoup trop tôt pour dire que l’économie américaine est en récession. Depuis le 28 juillet, une série d’événements chiffrés sont venus le prouver :

  • L’économie américaine a créé plus d’un demi-million d’emplois pour le seul mois de juillet. Le taux de chômage est tombé à 3,5%, un chiffre plus atteint depuis les golden sixties.
  • L’inflation s’est enfin calmée, passant de 9,1% en juin à 8,5% en juillet par rapport à l’année dernière. Cela reste bien sûr élevé, mais c’est mieux que ce que les économistes avaient prévu.
  • Le prix de l’essence, principal moteur de l’inflation aux États-Unis, est retombé à 4 dollars le galon (3,78 litres). Au mois de juin, il était à 5 dollars le galon, une barre symbolique qui a heurté les familles américaines.
  • Le moral des consommateurs, qui était au plus bas, a rebondi deux mois de suite.
  • Les marchés boursiers ont connu la semaine dernière leur plus longue série de gains hebdomadaires depuis novembre.

En fait, la seule chose qui fait penser à l’inflation, ce sont ces deux trimestres à croissance négative, estime Mark Zandi, économiste en chef de Moody’s Analytics, interrogé par CNN Business. « Il ne s’agit pas d’une récession. On n’est même pas dans l’entourage d’une récession. »

Récession à venir

Toutefois, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, les experts voient une récession arriver, l’année prochaine ou en 2024. Comme le montre l’inversion des courbes de rendements des bons au Trésor américain à 2 et 10 ans. En d’autres mots, il y a plus de risques d’ici 2 ans que d’ici 10 ans, et cela a toujours été le signe d’une récession dans l’Histoire.

En outre, la bonne tenue du marché du travail américain devrait pousser la Fed à poursuivre sa politique agressive sur la hausse des taux directeurs. Or, ce n’est que plus tard que l’économie ressentira l’effet de ces taux poussés à la hausse.

Bonne ou mauvaise récession ?

Si la récession est une question de temps, il reste à savoir si cela serait forcément une mauvaise chose. En fait, tout dépend de quelle ampleur elle sera.

En effet, la reprise post-covid, boostée par les plans de relance de plusieurs milliers de milliards de dollars, a poussé l’économie jusque dans un état de surchauffe. La chaine d’approvisionnement a sérieusement été grippée, l’offre ne pouvant suivre la demande, ce qui a poussé les prix vers le haut. Dans ce cadre, une légère récession ne serait qu’un retour à la normale, qui calmerait l’inflation, l’ennemi numéro 1.

Mais on ne contrôle pas toujours une récession. Et la politique agressive des banques centrales pourrait faire plus de dégâts qu’envisagé, à long terme. Une récession importante se traduirait par la perte centaines de milliers, voire de millions d’emplois, ce qui augmenterait le risque sur certains ménages, qui ne pourraient plus payer leur crédit hypothécaire. Une demande en baisse est aussi un risque accru de faillite pour les entreprises. Un cercle vicieux dont il est aussi difficile de s’extirper que de l’inflation.

Bref, l’économie américaine nage toujours en eau trouble, mais pour le moment, il ne sert à rien de paniquer.

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