L’information dévoilée par le journal Le Soir peut paraître contre-intuitive ; elle n’en demeure pas moins réelle. Les deux formations écologistes de Belgique proposent de mettre fin à l’obligation d’incorporation de substances végétales dans les carburants trouvables à la pompe, et même de la suspendre temporairement d’ici-là, quand la courbe des prix s’envole comme depuis ces derniers mois.
Cette proposition émane des députées fédérales Ecolo-Groen Séverine de Laveleye et Kim Buyst, qui voudraient revenir sur l’obligation légale pour les compagnies pétrolières d’incorporer une proportion de biocarburants dans les produits d’origine fossile qu’elles commercialisent en Belgique. Une idée qui surprend de la part de membres de formations politiques qui ont pour objectif d’accélérer la transition énergétique, mais qui est en fait motivée par des préoccupations écologiques d’une part, et de l’autre le maintien du pouvoir d’achat des citoyens.
Des biocarburants ultra-polluants
Malgré leur nom, les biocarburants, du moins ceux de première génération qui sont les plus utilisés, n’ont rien de bien écologique : ils sont massivement issus de cultures intensives qui accélèrent la déforestation et rejettent elles-mêmes beaucoup de gaz à effet de serre, comme l’exploitation de l’huile de palme, ou les champs de colza sud-américains qui rongent la forêt amazonienne. Les émissions issues de biodiesels d’huile de soja ou de palme sont estimées, sur l’ensemble de leur cycle de vie, deux et trois fois supérieures respectivement à celles du diesel classique, selon les chiffres repris dans un rapport de la Commission européenne paru en 2016.
D’où les propositions, qui n’ont rien de paradoxales, de Mme de Laveleye et de Mme Buyst d’en finir avec l’obligation légale d’incorporation pour les biocarburants de première génération, pour le biodiesel dès 2025, et en 2030 pour le bioéthanol.
Point de bascule : 1,8 euro le litre
Mais les députées estiment que d’ici là, des suspensions temporaires de l’obligation pourraient être mises en place afin de soulager le portefeuille des Belges. Et ce, « le plus rapidement possible et jusqu’à ce que les prix des carburants soient maîtrisés », avance Séverine de Laveleye. « En effet, les agrocarburants représentent un surcoût non négligeable de 2,5 centimes le litre dans le cas du diesel et de 5,5 centimes le litre dans le cas de l’essence. » Suspendre l’obligation de mélange quand le prix à la pompe dépasse un certain palier permettrait ainsi de le maintenir un peu moins cher. Les deux parlementaires imaginent à cet égard une espèce de « point de bascule » à 1,8 euro le litre environ d’essence ou de diesel. En dessous, l’obligation d’incorporation continuerait de valoir ; au-dessus, ce ne serait plus le cas, résume le quotidien francophone.
Les deux parlementaires écologistes déposeront une proposition de loi devant l’assemblée fédérale dès la fin des vacances de Pâques.