D’Ouest en Est: la nouvelle politique étrangère du gouvernement De Croo se tournera vers la Chine et la Silicon Valley

Le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères tourneront leur regard vers l’Est et la Chine. Au moins une visite par an pour renforcer les liens avec la nouvelle superpuissance. Aux États-Unis, le focus sera mis sur la cote Ouest, ‘au cœur de la technologie’.

Maintenant qu’un gouvernement définitif est mis sur pied, la Belgique peut à nouveau se tourner vers l’étranger. Ça fait un bail: depuis le Pacte de Marrakech sur les migrations (cause de la chute du gouvernement Michel), il n’y a pas eu de politique étrangère digne de ce nom.

L’éclatement de la crise sanitaire n’a évidemment pas aidé. L’essentiel de la politique étrangère de ces derniers mois s’est passé à l’échelon européen, la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, Angela Merkel et Emmanuel Macron jouant les premiers rôles.

Un exemple frappant de cette absence prolongée? La Belgique n’a aucune implication dans la Ligue hanséatique des pays d’Europe du Nord, regroupement politique qui parle d’une autre voix que celle de l’UE. Quant à Charles Michel, président du Conseil européen, sa fonction l’oblige à adopter une attitude docile et mesurée.

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Au niveau belge, la dernière visite de l’ancienne Première ministre et actuelle ministre des Affaires étrangères, Sophie Wilmès (MR), ne restera pas dans les mémoires. Il s’agissait d’une visite de courtoisie surtout symbolique à Kinshasa et Lubumbashi. Histoire de renouer le contact avec l’ancienne colonie et saluer le président nouvellement élu, Félix Tshisekedi. Le fait le plus marquant de cette visite était finalement la présence de l’opposant, Martin Fayulu, lors de la réception de la Première ministre à l’ambassade de Belgique. Comme un rappel que notre pays a vocation à dialoguer avec tout le monde.

Le résultat le plus probant de la diplomatie belge reste le siège obtenu au Conseil national de sécurité. Et c’est là que notre pays a pu exercer son rôle historique d’entremetteur.

Quelles sont les grandes lignes de la nouvelle diplomatie belge?

  • Bien sûr, l’UE reste l’échelon le plus important pour la Belgique. En tant qu’ancien ministre des Finances, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) ne le sait que trop bien. Sur sa liste des premières destinations, logiquement, Berlin et Paris, deux poids lourds de la politique européenne.
  • Juste après son intronisation officielle comme Premier ministre, De Croo n’a pas tardé concrétiser ses prérogatives d’homme d’État. Un sommet européen était organisé autour de la question biélorusse et turque. Angela Merkel est venue lui dire bonjour spontanément: ‘Mon mari m’a dit que vous aviez écrit un livre sur le féminisme. Intéressant: est-il disponible en anglais, j’aimerais le lire?’, a questionné la chancelière allemande. Simple courtoisie ou future grande affinité, l’avenir nous le dira.
  • Ce qui est sûr c’est que le gouvernement Vivaldi adoptera une position clairement pro-européenne. Cela dénote quelque peu avec le gouvernement précédent. Cela ne concerne évidemment pas Charles Michel, mais plutôt la N-VA qui aime se quereller avec les décisions européennes. Les derniers points de désaccord? Les objectifs climatiques ou encore la répartition des aides européennes post-corona. Dans les deux cas, toutefois, la Belgique a fini par obtempérer.

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  • La Belgique doit reconquérir sa place au niveau international, et ça passe forcément par la Chine et les Etats-Unis. Les relations internationales ont été complètement bouleversées en deux ans. La politique irrationnelle et isolationniste de Trump a tranché avec l’ouverture de la Chine.

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  • En chiffres, l’économie chinoise a reculé de 6,8% au premier trimestre pour déjà opérer une croissance de 3,2% au deuxième. En Europe et aux États-Unis, c’est de l’ordre du rêve.
  • Les investissements chinois dans le monde ont également bondi en deux ans. Un exemple concret chez nous est un investissement dans le port d’Anvers, dans le cadre du programme désormais célèbre, ‘La Nouvelle route de la soie’.

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  • Côté pile, les progrès technologiques de la Chine rendre encore plus important son contrôle sur la société. Les deux derniers exemples frappants sont la pandémie et Hong Kong. Tandis que sa nouvelle visibilité en tant qu’hyperpuissance met en lumière l’insoutenable condition de la minorité ouïgoure.
  • Reste que la Belgique veut faire de la Chine un partenaire privilégié, même si la liste des prétendants est longue. C’est pourquoi Alexander De Croo veut visiter l’empire du Milieu au moins une fois par an. Au menu, le développement économique et technologique comme plat principal.
  • Sur cette thématique, le Premier ministre entend aussi passer plus fréquemment sur la côte Ouest des États-Unis. ‘La côte Est est importante, mais il ne faut pas négliger la côte Ouest’, comme on a pu le faire dans le passé, nous précise-t-on, au 16. La côte Ouest, c’est bien sûr la Silicon Valley, le centre névralgique des nouvelles technologies. Il ne faut pas oublier qu’Alexander De Croo était aussi l’ancien ministre de la Numérisation, une compétence désormais unique détenue par le secrétaire d’État, Mathieu Michel.

Quant à Washington DC, peu de chefs d’Etat veulent y être photographiés actuellement avec le maître des lieux.

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