L’euro est en hausse suite au discours de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Elle y déclare que l’inflation est toujours élevée. Changement de cap dans ses paroles : elle ne promet plus de mesures concrètes, comme des hausses des taux (et de combien elles devraient être). Elle revient vers les façons de faire qui étaient en vigueur auparavant : prendre des décisions en fonction des données disponibles au moment des réunions.
Avec son discours, Christine Lagarde gonfle l’euro : « L’inflation est encore trop élevée »

Pourquoi est-ce important ?
L'inflation dans la zone euro s'est affaiblie ces derniers mois, mais elle reste bien supérieure à l'objectif de la BCE. Par conséquent, l'institution monétaire continue de resserrer sa politique monétaire.Dans l’actu : Le taux de change de l’euro s’élève à un peu moins de 1,08 dollar ce mercredi. La monnaie commune européenne a atteint son niveau le plus élevé au cours des cinq dernières semaines.
- L’euro a été stimulé par le discours de Lagarde. Elle a déclaré que l’inflation dans la zone euro restait trop élevée : 8,5% en février, soit plus de quatre fois l’objectif de l’institution monétaire. Lagarde et son équipe visent une dévaluation monétaire de 2%.
- « Nous avons déjà procédé à un ajustement significatif de notre politique : depuis juillet dernier, nous avons relevé les taux d’intérêt de 350 points de base », rappelle Lagarde. « Toutefois, l’inflation reste élevée et l’incertitude quant à sa trajectoire future s’est accrue. Il est donc essentiel d’adopter une stratégie solide pour l’avenir ».
Incertitude sur les marchés financiers
Crise bancaire : dans son discours, Lagarde met également l’accent sur ce qui s’est passé sur les marchés financiers au cours des dernières semaines. « Ces tensions ont ajouté de nouveaux risques à la baisse et rendu l’évaluation des risques plus floue », estime-t-elle.
- Néanmoins, la BCE a relevé ses taux d’intérêt de 50 points de base la semaine dernière. Or, le resserrement de la politique monétaire des banques centrales est à l’origine de la vague de panique qui a déferlé sur les marchés financiers ces dernières semaines.
- Les obligations des portefeuilles des banques, qu’elles ont achetées pendant la période de politique monétaire accommodante, perdent de leur valeur en raison des hausses de taux d’intérêt. Si elles vendent cette dette, elles subissent des pertes considérables. C’est la raison pour laquelle Silicon Valley Bank et Signature Bank se sont effondrées. En raison d’un manque de liquidités, elles ont dû vendre des quantités massives de dettes.
- Commentant la décision sur les taux d’intérêt, Lagarde indique que les instruments de politique de la banque centrale étaient suffisamment équipés pour fournir un soutien en liquidités au système financier de la zone euro en cas de besoin. « De cette manière, nous pouvons garantir une transmission harmonieuse de la politique monétaire », réfléchit-elle. En d’autres termes, la BCE peut intervenir si l’incertitude dans le secteur bancaire persiste.
- L’acquisition de Credit Suisse par UBS a, à première vue, aussi ramené le calme sur les marchés.
Le détail : « réunion par réunion ».
- Lagarde affirme ce mercredi qu’une approche basée sur les données était cruciale. Voilà un changement de cap important par rapport à certaines de ses déclarations précédentes. En décembre, elle avait commencé à indiquer qu’il faudrait s’attendre à plusieurs hausses de 50 points de base. En février, lors de la réunion précédente, elle avait encore annoncé que la hausse de mars devrait également être de 50 points de base.
- Avant cela, elle privilégiait une approche « réunion par réunion, en fonction des données disponibles » et ne donnait pas de prévisions à plus long terme.
- Ce changement de cap peut donc être plus rassurant pour les marchés, car il laisse plus de marge de manœuvre à la BCE, si la situation venait à se gâter davantage, par exemple, ou si l’inflation baissait plus rapidement que prévu.
« Faucon » : Le président de la Bundesbank (Banque centrale allemande), Joachim Nagel, est aussi favorable à de nouvelles hausses des taux d’intérêt. Selon lui, la BCE ne doit pas se laisser décourager par la crise bancaire.
- « Notre lutte contre l’inflation n’est pas terminée », a-t-il déclaré dans une interview accordée au Financial Times. « Il ne fait aucun doute que les pressions sur les prix sont fortes et généralisées. Si nous voulons contenir cette inflation tenace, nous devrons être encore plus têtus. »
(CP)