La décision de la BCE est tombée : elle monte ses taux d’intérêt de 0,5% et annonce déjà la couleur pour la prochaine réunion

Pas de surprise de la part de la BCE. Elle augmente ses taux directeurs de 50 points de base pour les porter entre 2,5 et 3,25%. L’objectif de la BCE est de ramener l’inflation à 2%, mais au mois de janvier, elle était toujours à 8,5%.

Dans l’actu : La BCE vient de publier le rapport de sa dernière réunion.

  • Les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront relevés respectivement à 3,00 %, 3,25 % et 2,50 % à compter du 8 février 2023. Ces sont les plus hauts taux depuis 2008.
  • Soit une augmentation de 0,5%, comme attendu par les analystes. Par sa décision, la BCE estime qu’il n’est pas encore temps de baisser la hausse des taux d’intérêt.
  • La BCE a même déjà annoncé son intention de relever ses taux de 0,5% lors de sa prochaine réunion, au mois de mars.

Resserrement quantitatif

  • En outre, la Banque centrale poursuit la réduction de ses titres dans le cadre du programme d’achats d’actifs (asset purchase programme, APP). « Comme indiqué en décembre, le portefeuille de l’APP sera réduit de 15 milliards d’euros par mois en moyenne, à partir de début mars et jusqu’à fin juin 2023 », indique l’institution bancaire.
  • Concernant les titres dans le cadre du programme d’achats d’urgence face à la pandémie (pandemic emergency purchase programme, PEPP), « le Conseil des gouverneurs entend réinvestir les remboursements au titre du principal des titres arrivant à échéance acquis dans le cadre du programme au moins jusqu’à fin 2024. »

L’explication : l’inflation sous-jacente reste un problème.

  • Si la BCE a décidé de maintenir une hausse des taux de 50 points de base, c’est à cause de l’inflation sous-jacente qui stagne, à 5,2%. Cette inflation ne tient pas en compte les prix de l’énergie (en forte baisse) et de l’alimentaire. Il s’agit donc d’une inflation plus ancrée, notamment sur les services.
  • En outre, le retour de la croissance dans la zone euro, même si elle est faible, donne une marge de manœuvre supplémentaire à la BCE pour refroidir l’économie. Les craintes de récession s’amenuisent en 2023. La question est maintenant de connaitre le pic des taux d’intérêt nécessaire : 4,5, 5%, voire 6%. Il n’y a pas encore de consensus sur la question.
  • Rappelons que la Fed a, elle, décidé de lever le pied, relevant ses taux directeurs de 0,25%. Pour deux raisons : la Réserve fédérale américaine a de l’avance sur sa consœur, et l’inflation est en baisse constante depuis le mois de juin (depuis le mois d’octobre pour l’Europe).

Lagarde

  • En marge de la réunion, Christine Lagarde est venue en conférence de presse pour donner de plus amples explications. La présidente de la BCE a adopté un ton inhabituellement ferme, expliquant qu’il faut « maintenir le cap d’une hausse significative et régulière des taux d’intérêt. »
  • Pas de quoi effrayer les marchés européens, qui ont bondi après l’annonce de la BCE. Ils ne sont plus vraiment paniqués par les discours de Lagarde, qui n’est plus à une contradiction près. Après avoir nié l’inflation (2021), puis expliqué qu’elle était temporaire (mi-2022), Lagarde avait annoncé son intention de ne pas faire d’anticipation, et de voir réunion après réunion. Elle vient de se contredire en indiquant la couleur pour le prochain rendez-vous de mars. Pas de surprise, bonne surprise pour les marchés.
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