La longue bataille contre l’inflation sous-jacente : à quelle(s) hausse(s) des taux d’intérêt de la BCE peut-on s’attendre ?

La BCE se réunit ce jeudi en vue de décider de la politique monétaire à suivre. L’enjeu est surtout de lutter contre l’inflation sous-jacente, encore en hausse en Europe. Quelle sera l’ampleur de la hausse décidée ? Et quelles seront les prochaines hausses ?

Pourquoi est-ce important ?

Malgré une chute des prix de l'énergie et, en conséquence, de l'inflation globale, l'inflation sous-jacente continue à augmenter. Signe que la hausse du coût de la vie n'est pas encore entièrement sous contrôle.

Dans l’actu : La réunion de la BCE ce jeudi, avec l’annonce très probable d’une hausse des taux d’intérêt.

  • Cela la même semaine que la Fed. Ce mercredi, la Banque centrale des États-Unis a augmenté le taux d’intérêt de 25 points de base, comme pressenti. Les marchés ont fait un bond après l’annonce : +2% pour le Nasdaq 100 et +1% pour le S&P 500
  • Place donc à la Banque centrale européenne. La présidente Christine Lagarde va rendre son verdict à 14h30.

Quel taux d’intérêt ?

Le chiffre : à quelle hausse des taux peut-on s’attendre ?

  • « Il est déjà très plausible que la BCE augmente ses taux directeurs de 0,5% (ou 50 points de bas, NDLR) cette semaine », indique le professeur d’économie IESEG School of Management de l’Université catholique de Lille, Eric Dor, dans une note envoyée à Business AM.
    • Pour mémoire, les dernières hausses étaient de respectivement 50, 75, 75 et 50 points de base, entre juillet et décembre 2022. Les taux directeurs se situent aujourd’hui entre 2 et 2,5%.

Et ensuite ?

L’essentiel : l’inflation sous-jacente est le cœur du problème.

  • « L’attention doit surtout se porter sur les indications que la BCE pourrait donner sur ses intentions en matière d’augmentations supplémentaires ultérieures des taux directeurs. La bonne résistance de la croissance de l’économie de la zone euro risque de convaincre la BCE que ses taux directeurs doivent encore fortement monter pour arriver à déprimer assez la demande, dans le but de causer une baisse de l’inflation, surtout sous-jacente, vers l’objectif de 2% », ajoute Eric Dor.
  • De fait, contrairement aux États-Unis, l’inflation sous-jacente (hausse des prix sans les produits alimentaires et l’énergie) est encore en hausse en Europe, alors que l’inflation globale est en baisse. Elle est passée de 5% (pour novembre, par rapport à novembre 2021) à 5,2% en décembre, pour la zone euro, et stagne désormais à 5,2% pour janvier 2023. En Belgique, elle est même passée de 7,34% en décembre à 8,05% en janvier. En Espagne, autant l’inflation sous-jacente que l’inflation globale a augmenté.

« L’économie s’avérant plus résistante au choc énergétique et le marché du travail restant tendu, nous pensons que les pressions sur les prix provenant du secteur des services prendront beaucoup plus de temps pour se refroidir matériellement. »

Paul Hollingsworth, économiste de BNP Paribas, relayé par CNBC.
  • Il faudrait s’attendre à ce que la hausse des taux d’intérêt soit loin d’être arrivée en bout de course. « Remonter le taux de la facilité de dépôt jusqu’à 3,5%, par exemple avec des hausses de 0,5% cette semaine et lors de la réunion suivante de politique monétaire (et celle d’après, NDLR), risque donc d’être considéré comme encore insuffisant pour juguler l’inflation », explique Erci Dor. Le taux pourrait même monter jusqu’à 4,5 ou 5%, lors du second semestre, ajoute-t-il. D’autres parlent même de 6%.
    • Une prévision qui ne fait pas l’unanimité. Mark Wall de la Deutsche Bank, cité par CNBC, s’attend à une hausse de 50 points de base ce jeudi, une 50 en mars puis une de 25 en mai et basta. Taux final : 3,25%, puis baisse de 25 points de base dès mi-2024.

Le détail : est-ce que la BCE annoncera des prévisions à long terme ?

  • Lors des dernières réunions, la BCE indiquait ne plus vouloir faire de prévisions des taux à plus long terme, mais de voir la situation à chaque réunion, en fonction des données économiques. Ces dernières semaines, Christine Lagarde a cependant inversé la tendance et est sortie du bois avec la mise en garde qu’il faudrait s’attendre à « plusieurs hausses de 50 points de base ». Une contradiction qui ne joue pas en faveur de la crédibilité de l’institution monétaire auprès des marchés.
    • Reste à voir quelle sera la position officielle de la BCE ce jeudi.
Plus