La BCE devra-t-elle relever ses taux d’intérêt pour atteindre le niveau écrasant de 6 % ?

Les membres du conseil d’administration de la Banque centrale européenne (BCE) se réuniront jeudi pour discuter de la politique des taux d’intérêt. Selon toute vraisemblance, ils augmenteront les taux d’intérêt de 50 points de base, ce qui portera le taux de dépôt à 2,5 %. Selon Volker Schmidt, gestionnaire de portefeuille senior de la société d’investissement Ethenea, ces taux d’intérêt doivent encore augmenter fortement pour ramener l’inflation à 2 %, l’objectif de la BCE.

Pourquoi est-ce important ?

La BCE a commencé à resserrer sa politique monétaire à l'été 2022. L'institution monétaire agit ainsi pour lutter contre une inflation galopante. Elle vise un taux d'inflation de 2 %, alors qu'elle se situait toujours autour des 10% en décembre, au sein de l'UE.

Dans l’actualité : Christine Lagarde, présidente de la BCE, déballera une nouvelle hausse des taux d’intérêt ce jeudi.

  • Mme Lagarde a déjà indiqué, lors d’un discours au Forum économique mondial (WEF), que la banque centrale maintiendrait le cap actuel. Ce faisant, elle a laissé entendre qu’une autre augmentation de 50 points de base nous attend.
  • Selon les faucons de l’institution monétaire (partisans du resserrement de la politique monétaire ndlr), de nouvelles hausses brutales des taux d’intérêt seront nécessaires pour ramener l’inflation à 2 %. Klaas Knot, président de la Banque centrale néerlandaise, a déclaré au début du mois que les taux d’intérêt devraient être relevés d’au moins deux points de base supplémentaires.

« Un taux d’intérêt d’au moins 4 % »

Perspectives : Schmidt se range du côté des faucons de la BCE.

  • Il souligne que l’inflation est en baisse mais reste bien au-dessus de l’objectif de l’institution monétaire. L’inflation s’est établie à 9,2 % en décembre dans la zone euro, contre 10,1 % un mois plus tôt. « Une nouvelle baisse est certaine et un fléchissement à environ 5 % en été est possible », a fait écho M. Schmidt.
  • L’expert ajoute toutefois que l’inflation de base – hors alimentation, énergie et alcool – est toujours en hausse. Ce taux est passé de 5 à 5,2 % le mois dernier. « Cela montre que l’inflation s’est installée et que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour ramener l’inflation dans la zone cible de la banque centrale », prévient-il.
  • Le gestionnaire de portefeuille senior ajoute qu’il y a beaucoup de problèmes qui pourraient raviver l’inflation. « Notre plus grande préoccupation est le soutien massif à la politique budgétaire dans la zone euro et son impact sur l’évolution future de l’inflation », dit-il. Les aides corona a permis d’accroître sensiblement la richesse des ménages privés en particulier », fait-il écho. « Mais la capitalisation de nombreuses entreprises est également meilleure qu’avant la crise. Grâce aux paiements de soutien destinés à absorber l’explosion des prix de l’énergie, ces coussins d’actifs restent en place. »
  • Il conclut que la banque centrale devrait contrer le potentiel inflationniste le plus rapidement possible en augmentant encore plus fortement les taux d’intérêt. « Une augmentation des taux de dépôt de 2 % à 3 %, comme c’est le cas actuellement, ne suffira pas. 4, 5 ou même 6 % devrait être l’objectif, combiné à une réduction opportune des obligations détenues par la BCE (également connue sous le nom de QT ou resserrement quantitatif). »

BL

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