50 points de base supplémentaires : le énième but contre son camp de la BCE

Après l’inflation qui était temporaire jusqu’à ce qu’elle ne le soit plus, et les prévisions erronées notoires concernant cette inflation, la BCE marque un énième but contre son camp avec sa décision d’augmenter les taux d’intérêt de 50 points de base en pleine crise bancaire.

Depuis la crise financière mondiale de 2008, la BCE a injecté 5000 milliards d’euros sur le marché. Cela signifie que la quantité d’argent émis par les banques centrales de la zone euro a été multipliée par plus de six depuis 2008. La grande majorité de cet argent n’a pas généré de valeur économique supplémentaire, ni de chiffre d’affaires ni de bénéfice.

Même lorsque cela n’était plus nécessaire depuis longtemps, Lagarde et ses collègues ont continué à faire tourner la planche à billets sans relâche. La dépréciation de la valeur de l’argent a finalement fait exploser l’inflation. Cette inflation n’a pu être contenue que par une augmentation des taux d’intérêt.

Une hausse des taux d’intérêt peut complètement freiner la croissance économique

Cependant, une hausse des taux d’intérêt diminue la demande de biens dans l’économie. Si un investissement en vaut la peine, cela dépend du rendement que les entreprises attendent à l’avenir – ainsi que du taux d’intérêt sur le capital emprunté.

Les taux d’intérêt croissants ralentissent donc l’activité d’investissement des entreprises – et peuvent, si la banque centrale exagère, également freiner complètement la croissance économique.

Les coûts de financement plus élevés touchent principalement le secteur immobilier

  • Pour les constructeurs de maisons, les investisseurs immobiliers et les promoteurs immobiliers – plus de 75 000 entreprises en Belgique, employant 200 000 travailleurs et 50 000 travailleurs indépendants – les coûts de financement sont essentiels. Le secteur immobilier sensible aux taux d’intérêt connaît des difficultés. De nombreux projets de construction pour 2023 subissent des retards ou sont annulés.
  • Mais les problèmes ne se limitent pas au secteur de la construction. Le nombre de faillites d’entreprises de l’UE a considérablement augmenté au quatrième trimestre 2022 et a atteint son niveau le plus élevé depuis le début de la collecte de données en 2015, selon Eurostat.
  • Trois entrepreneurs PME sur dix ont épuisé leurs réserves et ne pourront pas supporter de nouveaux chocs économiques, selon l’UNIZO. L’organisation des travailleurs indépendants plaide pour « un frein à la hausse incontrôlée des salaires », qui a atteint 11% au cours de l’année dernière.

Un parfum de 2011

Tout cela a un parfum de 2011. Lorsque la BCE de Jean-Claude Trichet a augmenté deux fois les taux d’intérêt, juste au moment où les répliques de la crise financière mondiale arrivaient en Europe, cela a directement conduit à une crise de la dette dans la zone euro elle-même.

Avec la hausse des taux d’intérêt d’aujourd’hui, la BCE prouve une fois de plus qu’elle a peu de contact avec ce qui se passe réellement dans l’économie et qu’elle est devenue l’otage de sa propre mauvaise gestion.

On peut donc se demander à quel point nos décideurs sont vraiment déconnectés du monde. Dans son livre « Skin in the Game« , l’auteur, scientifique et ancien négociant en produits dérivés Nassim Nicholas Taleb résume la situation actuelle comme suit:

« La malédiction de la modernité est que nous sommes de plus en plus peuplés par une classe de personnes qui sont meilleures pour expliquer que pour comprendre, ou meilleures pour expliquer que pour agir. »

(SR)

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