Décollage en 2024 pour Artemis II, première mission habitée vers la Lune depuis 1972 ? C’est mal parti…

Si Artemis I, il y a un an, a été un succès, ce n’est pas pour autant que tout est prêt pour Artemis II, la première mission habitée du programme. Le bouclier thermique du vaisseau Orion a bien résisté à la rentrée atmosphérique il y a un an, mais maintenant, il devra assurer la survie d’êtres humains. On ne peut pas se permettre une marge d’erreur.

Pourquoi est-ce important ?

En ce début de XXIe siècle, il y a deux philosophies pour faire avancer la conquête de l'espace. Multiplier les essais et voir ce que ça donne, comme le fait SpaceX, avec des lancements spectaculaires, très rapprochés, et qui ont une tendance à exploser. Et analyser toutes les données pendant des mois pour ne donner le feu vert que quand absolument plus rien n'est laissé au hasard, comme le fait l'entreprise publique qu'est la NASA. Celle-ci semble donc stagner par rapport au secteur privé. Mais elle a des vies humaines sous sa responsabilité.

Des nouvelles d’Artemis II

Cela fait un an depuis le lancement de la mission non habitée Artemis I, qui marquait le grand retour de l’humanité sur le chemin de la Lune, avec un programme qui devait culminer avec une présence humaine durable sur notre satellite. Un sentier que nous n’avions plus emprunté depuis 1972. Une première étape qui s’était bien passée, selon les premières études de l’agence spatiale américaine, qui a assuré que la prochaine étape, la mission habitée Artemis II, pourrait bien partir dès 2024.

Celle-ci ne doit pas alunir, mais emporter une équipe humaine autour de notre satellite. Un voyage autour de la Lune, hommage à Jules Vernes, dont l’équipage est d’ailleurs connu depuis avril dernier. Sauf que la NASA s’est depuis révélée moins optimiste sur l’état de préparation du programme.

Le bouclier d’Orion

L’élément qui continue à poser problème, c’est le bouclier thermique du vaisseau Orion. Celui-ci a subi une usure bien plus prononcée que ce qui était attendu, sur Artemis I, quand le vaisseau est rentré dans l’atmosphère, où la friction peut porter sa température à plus de 5.000°C. Ça n’a pas posé problème sur le moment : le bouclier thermique disposait encore d’une « marge significative » du matériau ablatif, connu sous le nom d’Avcoat, et le vaisseau n’était pas en danger. Mais rappelons qu’il était vide. S’il doit emporter des humains, alors il y a là un danger potentiel qui doit être résolu avant d’aller plus loin.

Ce bouclier est « la seule chose sur laquelle nous travaillons encore » , a convenu Jim Free, administrateur associé de la NASA pour le développement des systèmes d’exploration, lors d’une réunion le 17 novembre dernier. « Nous continuons à avancer avec le matériel, car nous ne voyons pas de raison de nous arrêter en ce moment. Si nous trouvons une raison de nous arrêter, nous nous arrêterons. »

Réponse au printemps

Il a toutefois insisté sur le fait que le lancement de la première mission habitée du vaisseau spatial Orion restait planifié pour la fin de l’année prochaine. Mais c’est quand même à prendre avec des pincettes. Les tests continuent, et une « résolution provisoire de la cause première » de la résistance insuffisante du bouclier en AVCOAT est attendue pour la fin du printemps prochain. Mais s’il s’avère que la sécurité de l’équipage ne pourrait être garantie sans un changement de bouclier, cela aura inévitablement un impact sur le calendrier, même si on ne peut le quantifier pour l’instant.

En attendant, la NASA insiste : si elle fera tout pour se tenir au programme et lancer Artemis II dans un an, elle ne fera jamais passer la sécurité de l’équipage après la performance. L’agence et les États-Unis ne veulent pas d’une nouvelle conquête spatiale parsemée de monuments aux morts.

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