De l’or ou des actions? Le métal précieux est à son niveau le plus haut depuis 2011

L’or s’échange au-dessus de 1.800 dollars pour une once troy (31,1 gr) pour la première fois depuis 2011. Plusieurs raisons expliquent le retour de ce métal précieux, de plus en plus amorti ces dernières années. L’avis de décès s’avère finalement prématuré.

L’un des plus grands investisseurs, Warren Buffett, a décrit l’or comme ‘un produit qui est extrait du sol quelque part en Afrique ou ailleurs, puis fondu et finalement enterré à nouveau dans un puits nouvellement creusé et protégé par un grand groupe de gardes rémunérés’. Il n’a donc, selon lui, aucune utilité pratique et tout étranger à notre monde serait bien dérouté par le rôle que l’or joue dans nos sociétés.

Le rôle de l’or

Laurence D. Fink, le président d’un des plus grands fonds d’investissement, BlackRock, a lui aussi déclaré en 2017 que le rôle de l’or était désormais occupé par l’art contemporain et les appartements dans les villes comme New York, Vancouver ou Londres. ‘Il est également devenu beaucoup plus facile pour les familles de stocker leur richesse à l’étranger. Ils n’ont plus besoin de l’or pour ça.’

Néanmoins, l’or reste attractif en période économique incertaine. Le métal précieux a d’ailleurs enregistré une hausse de son prix de 20% depuis le début de l’année. Les investisseurs professionnels et privés constituent des stocks.

Les chiffres du World Gold Council sont impressionnants. Les ETF adossés à l’or ou les fonds négociés en bourse, c’est-à-dire des fonds d’investissement gérés de manière passive, se négocient à la hausse depuis 7 mois consécutifs. Au total, les avoirs mondiaux représentent maintenant 3.621 tonnes pour un montant de plus de 200 milliards d’euros.

Crise du coronavirus + guerre commerciale

La progression de l’or est le résultat direct de la crise du coronavirus et des conflits commerciaux. Personne ne sait à quoi ressemblera l’économie dans six mois. Cette incertitude fait fuir les investisseurs vers certaines valeurs.

En outre, ils craignent une inflation, car les banques centrales baissent les taux d’intérêt et impriment toujours plus de billets. Cela a pour conséquence de diluer la valeur de cet argent et ce pourrait conduire à nouveau à une inflation galopante. Le métal précieux offre alors une certaine sécurité.

Les banques centrales – en particulier dans les économies émergentes – continuent elles aussi à acheter de l’or pour protéger leur monnaie nationale, si nécessaire.

L’un des principaux contre-arguments en sa défaveur est qu’il ne verse ni intérêt ni dividende. Posséder de l’or ne rapporte rien. Au contraire même, puisqu’il coûte de l’argent pour l’entreposer. Mais maintenant que les obligations d’État ne produisent aucun intérêt, voire un intérêt négatif, cet argument a été abandonné.

Corrélation entre le prix de l’or et les intérêts négatifs

Le rebond de l’or s’explique mieux par le graphique ci-dessous. Il montre le lien entre les taux négatifs (ligne jaune) et la hausse du prix du métal précieux (ligne bleue). Cette corrélation est frappante. Plus les obligations d’État génèrent des taux négatifs, plus le prix de l’or grimpe.

Dans un monde qui se noie dans la dette et qui génère une faible croissance économique à la marge, les taux négatifs sont une prophétie autoréalisatrice, conduisant finalement à une baisse de l’inflation et des taux d’intérêt. L’or est la solution, disent les croyants.

Les riches ne laisseront pas le système monétaire s’effondrer

Les investisseurs professionnels croient aussi aux portefeuilles diversifiés. Et l’or en fait partie. Les pourcentages les plus cités sont de l’ordre de 5 à 10% du capital. Mais ils aiment mettre les choses en perspective.

En janvier 1980, l’or atteignait son niveau record et s’échangeait à 2.235 dollars pour une once troy. L’indice boursier Dow Jones se situait alors environ à 850 points. Quarante ans plus tard, une once vaut 1.800 dollars, tandis que le Dow Jones est à 26.000 points. Aucune figure n’est requise pour cette illustration.

Il existe aussi un autre facteur en faveur du système actuel. Ce sont les riches qui gouvernent le monde et ils ne laisseront pas le système monétaire s’effondrer. Que le Dow Jones ait augmenté de 41% au cours des derniers mois – malgré la pire crise depuis la Seconde Guerre mondiale – en est la meilleure preuve.

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