Le Covid-19 issu d’un laboratoire ? La théorie fait son grand retour

L’origine de la pandémie reste un sujet tabou en Chine, tandis qu’aux États-Unis, les agences de renseignement n’arrivent pas à se mettre d’accord entre une origine naturelle et un virus échappé d’un laboratoire.

Pourquoi est-ce important ?

L'émergence du virus du Covid-19 - qui a eu les conséquences que nous connaissons tous - reste peu claire, ce qui en fait de facto un enjeu capital dans la guerre de l'info que se livrent la Chine et les USA. On a blâmé bien des animaux d'avoir favorisé la transmission vers l'humain de ce virus. Mais la théorie du laboratoire reste pour le moins vivace.

C’est le très sérieux Wall Street Journal qui a lâché l’info : la piste de l’accident dans un laboratoire chinois reste en lice comme cause originelle de la grande pandémie de 2020.

  • C’est le département américain de l’Énergie qui arrive à cette conclusion dans un rapport classifié, datant de 2021 et qui a été actualisé depuis. Ce document a été fourni à la Maison Blanche et à des législateurs américains de haut rang, selon le quotidien américain.
  • Celui-ci arrive à la conclusion que le virus du Covid-19 serait très probablement sorti par accident d’un laboratoire, mais ne serait pas lié à un programme militaire. Attention toutefois que le département de l’Énergie émet lui-même une estimation de « faible confiance » envers son propre rapport. Il est donc à prendre avec de grandes pincettes.
  • Le département de l’Énergie supervise un réseau de 17 laboratoires américains, y compris des domaines de biologie avancée. Dans son rapport initial de 2021, celui-ci estimait que la circulation du virus avait commencé au plus tard en novembre 2019, avec l’hospitalisation de trois scientifiques ayant travaillé au sein de l’Institut de virologie de Wuhan.

L’enjeu : un rapport qui va à contre-courant

Depuis les prémisses de la pandémie, la thèse du virus échappé d’un laboratoire refait régulièrement surface, et elle a été sérieusement envisagée. Les déclarations du précédent président américain Donald Trump, qui évoquait publiquement un « virus chinois », avaient toutefois envenimé les relations entre Washington et Pékin. La Chine, bien sûr, dément fermement ces théories. Et répand les siennes pour rejeter la faute sur, au hasard, les États-Unis.

  • Quatre autres agences de renseignement américaines ont conclu que l’épidémie avait débuté à la suite d’une transmission naturelle par un animal infecté, et deux autres restent indécises sur la question, rappelle The Guardian. Les conclusions du département de l’Énergie restent donc minoritaires, mais elles n’en dénotent que d’autant plus.
  • Celui-ci a refusé de s’étendre sur les raisons qui ont motivé cette conclusion. Les responsables américains ont toutefois rappelé que le FBI était parvenu à des conclusions similaires. La CIA, elle, ne s’est pas prononcée sur la question. Le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan a rappelé qu’il existait plusieurs points de vue au sein des agences de renseignement américaines.

« Certains éléments de la communauté du renseignement ont tiré des conclusions d’un côté, d’autres de l’autre, et un certain nombre ont dit qu’ils n’avaient tout simplement pas assez d’informations pour être sûrs. L’administration Biden a demandé à plusieurs reprises à chaque élément de notre communauté du renseignement de déployer des efforts et des ressources pour aller au fond de cette question. »

Jake Sullivan, cité par CNN
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